Jamais, dans toute l’histoire du football africain, non jamais, une finale de Ligue des champions n’avait donné lieu à pareille mascarade, pareil scandale. Nous sommes dans la nuit de vendredi à samedi au stade de Radès, dans la proche banlieue de Tunis. L’Espérance de Tunis et le WAC de Casablanca se retrouvent pour le match décisif après leur nul à l’aller (-1) huit jours plus tôt.
41e minute. L’international algérien Youcef
Belaïli ouvre le score pour l’équipe tunisienne 60e minute. Walid El
Karti égalise pour les Marocains. L’arbitre gambien Bakary Gassama refuse de
valider le but. Il considère que le buteur était hors-jeu au moment où il
recevait le ballon en pleine surface. Qu’à cela ne tienne on va consulter l’assistance
video (VAR). Elle ne fonctionne pas. Furieux, et échaudés par le match aller déjà marqué par la controverse
(1-1), les Marocains décident de quitter la pelouse.
Le stade – 60.000 spectateurs – tout naturellement acquis à la cause des Sang
et Or est en liesse. Il y a bien quelques échauffourées mais rien de grave.
Et, sur la main courante, on va assister à toute une série de palabres
notamment avec le président de la CAF qui ne restera pas très longtemps avant
de regagner la tribune officielle. Trente minutes s’écoulent, puis soixante. Au
bout d’une heure-trente, l’arbitre est de retour. Il porte sa veste de
survêtement. La partie ne reprendra pas. Les Wydadis ont refusé de reprendre la
partie.
Pour la petite histoire, on se souvient que les Tunisiens avaient récusé l’arbitre
gambien qui ne leur rappelait pas que de bons souvenirs. Les Marocains, eux,
étaient plutôt satisfaits du choix.
Notez que le match aller avait déjà été marqué par la confusion, et un sentiment
d’injustice pour le Wydad. L’arbitre égyptien Gehad Grisha avait d’ailleurs
été suspendu six mois par la CAF pour « performance faible ».
Dans la nuit,
la CAF annonçait que son président avait décidé, « suite aux
événements » et « l’arrêt du match », de convoquer
« un comité exécutif d’urgence le 4 juin pour débattre
des issues réglementaires à réserver à cette rencontre ».
Quelle image absolument détestable ce scénario renvoie-t-il ? Celle d’un
amateurisme indigne d’une compétition de ce niveau.
Déjà sur la sellette depuis plusieurs semaines pour double présomption de prise illégale d’intérêt et de harcèlement sexuel, le président de la Confédération Africaine de Football se trouve dans de beaux draps. On ne comprendrait pas qu’il reste plus longtemps à son poste parce c’est tout l’ensemble du football africain qui se trouve être la risée du monde du ballon rond.
Coupable ? Peut-être pas.
Responsable ? Oui, assurément.
Quand on est chef, c’est pour cheffer
La FIFA
réagira-t-elle quand elle tiendra son Congrès, à Paris, le 5 juin ? Le
Président Gianni Infantino prendra-t-il la mesure la plus cohérente qui
consisterait à mettre la CAF sous tutelle jusqu’à la fin de l’année 2019 ?
Parce qu’il y a beaucoup de responsables à cette descente aux enfers, à
commencer par ceux qui ont fait l’élection de mars 2017 à Addis Abeba et qui
ont porté sur le trône un homme qui n’avait pas la stature. Il y en a d’autres
qui n’ont pas su ce que diriger veut dire. Ils sont là, passifs, pas conscients
de la mission qui est la leur. Ils voyagent aux frais de la CAF mais que
font-ils pour faire progresser une institution qui joue un rôle éminent dans
les sociétés africaines ?
Il faut un changement radical des comportements au risque de faire fuir tous
les amis et surtout les sponsors. La CAN qui démarre le 21 juin en Egypte sera
une heure de grande vérité.
Il y aurait bien une solution. Radicale, extrêmiste. Qu’une demi-douzaine de
grands pays de football boycotte les compétitions continentales jusqu’à un
retour au professionnalisme et à la sagesse. Il ne faut pas trop y compter car
jamais un homme politique n’osera prendre cette décision qui lui mettrait son
peuple à dos. Et pourtant…
Hayatou au
secours ! Ils sont devenus fous !!!