Assez de tergiversations

La Confédération Africaine de Football est à un tournant de son histoire. Soixante-deux ans après sa création, elle est secouée par une série de très graves dysfonctionnements qui menacent sa crédibilité. Il ne se passe pas un jour que les médias d’abord européens, maintenant africains, ne fassent de nouvelles révélations. La CAF est un bateau en pleine tempête dont le commandant de bord conduit son équipage sur les récifs. Il est temps que la FIFA envoie un signe fort afin de faire cesser cette mascarade.

On a déjà évoqué ici les dérives du président, accusé de corruption – documents à l’appui – et de harcèlement sexuel – témoignage diffusé il y a quelques jours sur ce site. Et la série continue. Le directeur financier de l’institution a été relevé de ses fonctions au prétexte qu’il aurait refusé de se rendre à Rabat, au Maroc, avec toute la comptabilité de la CAF pour analyse par le président de la Commission des finances qui est également 3e vice-président de l’institution. Démarche non prévue dans les statuts ! Bref, on s’assoit dessus.
Il est vrai qu’on n’est pas à une déviation près. La Commission des finances ne s’est réunie qu’une seule fois depuis 2017. Peut-être pour ne pas s’intéresser aux comportements dispendieux du président de la CAF. Bizarre, non ! Complicité ? Peut-être.
Le président de la fédération nigériane, 1er vice-président de la CAF, comparaîtra le 1er juillet prochain, avec quatre co-accusés, devant un tribunal d’Abuja pour crimes financiers. Dix-sept chefs d’accusation ont été retenus par la Haute Cour du pays. Son prédécesseur à la CAF avait été lui-même condamné pour faits de corruption et contraint à la démission.

Parlons arbitrage. Le président de la Commission des arbitres est soupçonné, par les dirigeants de la fédération marocaine, de favoriser les clubs tunisiens dans les compétitions continentales. Ces derniers, selon le site www.insidecaf.com, bénéficieraient des très étroites relations entre le président – qui est un Djiboutien – de la très souvent critiquée commission des arbitres et son alter ego de Tunisie. Le Tunisien financerait les études universitaires des deux filles du premier. Il est urgentissime de faire la clarté sur toutes ses assertions.  
Ici, on a recherché dans les archives quelques documents et on est tombé sur du lourd. Lors d’une assemblée générale extraordinaire, en juillet 2014, les présidents des clubs affiliés à la Fédération djiboutienne de football avaient voté à l’unanimité la destitution du président en question, accusé d’incompétence et de manque de transparence dans la gestion de la Fédération. Comment ne pas rester pantois devant une telle information.

L’Afrique, à l’exception de quelques journalistes qui font leur métier en professionnels, détourne les yeux, la ferme et se bouche les oreilles. Silence, y’a rien à voir. Par parenthèse cela a été la réflexion d’une personne, une femme, lorsqu’on a évoqué avec elle les accusations de harcèlement sexuel contre le président de la CAF. De temps en temps elle est appelée à apporter son concours à l’organisation des compétitions continentales. Vous nous avez compris !

Alors va-t-on longtemps encore laisser le football africain s’embourber dans les bas-fonds ? La FIFA, dont il n’est un secret pour personne qu’elle a pesé de tout son poids dans les élections à la tête de la CAF en mars 2017, est l’autorité suprême. C’est à elle maintenant de prendre les choses en mains. La situation est grave, très grave. Elle doit exercer son droit et son devoir de tutelle, désigner un comité provisoire de direction pour une période de six mois et surseoir aux élections au Comité exécutif prévues le 18 juillet au Caire, à la veille de la finale de la CAN 2019. A ce propos le dépôt des candidatures aux six postes à pourvoir fixé au 31 mai dernier n’était pas conforme aux statuts.   L’article 18, paragraphe 5 stipule que ces candidatures doivent parvenir au plus tard quatre-vingt-dix jours avant la date du scrutin. Entre le 31 mai et le 18 juillet, on n’en compte que quarante-huit !

En marge de cet effondrement moral, on a enregistré avec beaucoup de bonheur le magnifique spectacle de la finale retour de la Coupe de la Confédération entre les Egyptiens du Zamalek et les Marocains de la RS Berkane. Il y avait 85.000 spectateurs au stade Borg El Arab, à Alexandrie. Eh bien ! Tous ces spectateurs, ces vrais amateurs de ballon méritent mieux que le détestable spectacle offert par ceux qui devraient être les premiers défenseurs du football africain par un comportement exemplaire.
Amoureux du foot, réveillez-vous ! Dehors les usurpateurs.

2 thoughts on “Assez de tergiversations

  1. La Fifa actuelle est-elle exempte de tout reproche? Elle vient ainsi de faire un rétropédalage sur le Mondial Qatar 2022 qu’elle avait voulu faire jouer à 48 pays, compétition pourtant attribuée au format de 32 équipes. Comme ce passage en force venait de réussir à la CAF avec la Can 2019 illégalement programmée à 24 pays, son mentor à la Fifa a cru que ce serait aussi facile. Mais il y a effectivement danger en Afrique, mais le salut peut-il réellement venir de la Fifa?

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