Après notre premier entretien, la jeune femme qui a déposé plainte auprès de la FIFA nous a rappelé pour nous communiquer d’autres informations sur le comportement du président de la CAF. Nous avons, par respect pour elle, décider de reproduire ses propos.
« Je me suis rendu au Caire en fin Avril 2017 afin de présenter un projet à la CAF (à la demande du président Ahmad).
Le président m’a demandé un entretien dans sa suite (qui lui servait d’appartement à l’époque) le premier soir. Il a essayé de me toucher, j’ai été un peu violente avant d’éclater en sanglots (en 10 ans j’ai bien eu des propositions indécentes mais dans le monde du football je me suis toujours sentie à l’aise car jamais on avait essayé de me « sauter dessus comme cela »
Le lendemain, un membre du cabinet du président m’a approché en me disant de sa part que si j’acceptais de coucher dans sa chambre/sortir avec lui il me signerait ce que je veux.
Ce dernier a ajouté : « Ma sœur fais ton travail et jongle en attendant ton départ. C’est un malade, qui n’est pas très éveillé. Il saute sur tout ! Il verra une autre fille dans deux jours et t’oubliera. En attendant conseil de frère, gère ce pourquoi tu es venue.
Ce membre du cabinet est revenu à la charge le lendemain durant une balade ou ils ont voulu me faire visiter Le Caire « Ma sœur, il dit qu’il a tout fait pour concrétiser hier nuit mais que tu n’as rien voulu savoir. Tu n’as pas voulu rester dans sa chambre. Il veut que je te négocie, que tu restes avec lui et que tu lui montres la personne à qui il donnera des contrats ».
Il a fini par me faire la proposition lui-même.
Certains membres de son équipe ont voulu un jour lui faire comprendre que ses gestes envers moi étaient inappropriés, il a répondu et ce en public : « Pourquoi ? Je n’ai pas le droit d’avoir une belle femme moi aussi ? Je ne suis pas pédé ! Les gens d’Hayatou ils ont dit que je suis pédé ! Au moins là ils vont voir que j’ai une belle Africaine ! Leur fille en plus ! »
De nouveau on m’a déconseillé de faire plus d’histoires car il n’était pas du genre à comprendre. Il m’aurait vite oublié à la vue d’une autre « belle Africaine ».
J’ai travaillé plusieurs mois durant dans cette atmosphère à jongler au gré des humeurs du président et je ne suis pas la seule. Lorsqu’une collaboratrice avait un besoin, on lui laissait entendre « le président a demandé que tu viennes dormir dans sa chambre et il va régler ton problème ».
Il réservait toujours plusieurs chambres dans les hôtels afin de recevoir les « employées dans le besoin » ou celles qui ne voulaient pas qu’on les prive de leurs avantages ! Mais pas seulement ! Les journalistes qui voulaient des interviews, les responsables de sociétés qui voulaient collaborer avec la CAF. C’est simple, tu veux travailler avec la CAF, viens dormir avec le président ! Si tu dis non, ou peut-être, ou même oui parfois, il te « blackliste » et se débrouille pour que toute l’industrie en fasse de même ».
Et pourquoi le mouvement « Me Too » qui a engendré une prise de conscience internationale sur le harcèlement sexuel continuerait d’ignorer le continent africain au nom de vieux principes ?
Bien sûr que non!
Ahmad doit être viré comme le malpropre qu’il est!