Ahmad peut-il rester à la tête de la CAF ? (2)

Quel est le rôle de la femme dans la société africaine ? Qui n’a jamais mis les pieds sur le continent ne peut imaginer qu’il est essentiel. Procréation, éducation, travail. Mais c’est encore trop souvent une proie qui doit satisfaire aux désirs des hommes. Ces dernières semaines le Président Ahmad a été accusé par plusieurs jeunes femmes de harcèlement sexuel. Nous avons essayé d’en savoir plus. Cela s’est révélé très difficile. Toutefois nous avons pu avoir une simple confirmation et un témoignage plus solide.

La confirmation nous a été apportée par une Egyptienne. Lorsque nous lui avons posé la question de savoir si elle pouvait confirmer les premières accusations parues sur certains sites d’information, elle nous avait dit « Oui, c’est la stricte vérité » sans nous livrer le moindre détail. D’autres jeunes femmes, travaillant également au siège de la CAF, tenaillées par la peur, ont préféré se taire. Une autre personne m’avait fortement déconseillé de passer par la boîte e-mail de la CAF. « Notre courrier est surveillé ». La pression était terrible. Ahmad aurait fait comprendre aux autorités égyptiennes que tout scandale pourrait grandement nuire au bon déroulement de la CAN dont le coup d’envoi doit être donné le 21 juin prochain.

Le deuxième témoignage pèse d’un autre poids. La jeune femme, séduisante, travaille en Europe. Elle est Africaine. Mais nous tairons son pays d’origine. Elle dirige une société de communication. Elle connaissait Ahmad depuis un certain nombre d’années. A l’époque ce dernier n’était pas président, seulement membre du Comité exécutif. Mais il ne manquait pas d’ambition et se rêvait calife à la place du calife. Il lui avait demandé de l’aider. Une fois élu, il lui avait confié la communication externe du grand symposium organisé à Rabat à la mi-juillet 2017. Pas insensible au charme de son interlocutrice, il se fit pressant. Sans résultat. Celle qui nous parle se confie à quelques personnes présentes dans la capitale marocaine témoins de l’échange de quelques mots. « Que se passe-t-il », lui demanda l’une d’entre elles. Il nous a déclaré qu’il voulait t’épouser et que tu l’avais repoussé. « Il a l’âge de mon père. Il a une fille qui est plus âgée que moi. Tu me vois briser ainsi ma vie… »

« Ahmad a l’instinct animal ! Il veut prendre ce qu’il veut quand il veut et n’y voit aucun problème ; il n’accepte de respecter aucune règle. Il se fiche complètement du mal qu’il peut faire. 

J’ai fait les frais de ce comportement quand j’ai voulu me mettre au service de la nouvelle CAF. Nous rêvions tous d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire du football. Mais pour Ahmad mon rôle devait se limiter à être sa femme ou plutôt sa chose ! Quand il a réalisé que j’avais d’autres ambitions que d’être la poupée Barbie d’un quinquagénaire parvenu, il a voulu me casser et me faire disparaître d’un milieu dans lequel il m’avait pourtant connue six ans auparavant.

Je ne peux qu’imaginer la pression que subissent ces jeunes dames en Egypte. Je sais par exemple qu’il est allé jusqu’à demander audience au Chef de l’Etat pour lui demander de faire taire ses concitoyens au risque d’entacher l’organisation de la CAN…»


Nous n’en dirons pas plus sinon que la sincérité de cette personne ne peut être mise en question.

La FIFA a donc été saisie. Pour l’heure, elle reste silencieuse. On notera toutefois que le Président Gianni Infantino, qui était annoncé au Caire le 12 avril pour le tirage au sort de la CAN 2019, n’est pas venu. Au prétexte qu’il avait des dossiers importants à traiter à Zurich. Mais le 14 avril, il était au Koweit, pas très loin de la capitale égyptienne. On attend aussi une réaction de la secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samoura. Parce qu’elle est Africaine. Parce qu’elle fait beaucoup pour favoriser l’accession des femmes au sport et au football en particulier. Si harcèlement sexuel il y a eu, elle ne peut pas ne pas réagir.

La FIFA a pris l’habitude de nommer en Afrique un Comité de normalisation dès qu’une association nationale donne des signes de faiblesse. Alors oui, si nécessaire, il faudra mettre la CAF sous tutelle afin de ramener de la rigueur dans la maison. On attend rapidement des réponses, enfin sûrement pas avant le Congrès de la FIFA dans quelques jours à Paris, ni avant la CAN en Egypte fin juin/mi-juillet.

à suivre

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