Présomption d’innocence.
Un journaliste doit se souvenir qu’il n’est ni procureur ni avocat, ni
accusateur ni justicier.
Les faits, rien que les faits, nous a-t-on appris à l’école. Des documents rien
que des documents. Des témoignages.
Qui vous les a remis ?
Un journaliste ne cite pas ses sources. C’est une règle absolue.
En vérité, il suffit de demander. C’est l’information fast-food.
Au menu, la situation de la CAF et quelques abus.
Nous avons mené l’enquête grâce à de nombreux témoignages. Nous allons évoquer
la situation plus que chancelante de l’institution qui gère le football
africain depuis plus de 60 ans. Nous allons vous dire de lundi à jeudi dans
quel état de suspicion se trouve la CAF. Ensuite à vous de juger
Commençons par le rayon voitures
Achat au Caire d’un Range Rover. Coût : 195.000 dollars. Il y avait deux
autres propositions à 125.000 et 130.000 dollars.
Achat à Madagascar auprès de la même agence d’une Mercedes. Coût : 142.000
dollars.
Achat à Madagascar d’un Hyundai Santa Fe 4×4. Coût : 60.000 dollars
Achat à Madagascar d’un Combi Volkswagen. Coût : 30.000 dollars
Poursuivons avec les équipements.
La CAF à travers son département Marketing avait conclu un accord avec l’équipementier
PUMA pour la fourniture des équipements sportifs requis pour le Championnat d’Afrique
des Nations (CHAN) qui s’est déroulé au Maroc aux mois de janvier et février
2018. Adidas Egypte, Adidas Allemagne et Nike n’avaient pas répondu à l’appel d’offre.
Le 14 décembre 2017 confirmait sa commande pour un montant de 312.000 euros,
rabais de 60% inclus par le fournisseur. Quatre jours plus tard, retournement
de situation. Le président de la CAF décide d’annuler l’accord au motif qu’il
veut du matériel Adidas. Puma a réclamé une pénalité d’annulation à hauteur de
150.000 euros que le président a refusé d’honorer.
Le même jour, la CAF a sollicité une société intermédiaire dont le siège se
trouve dans le Sud de la France. Elle a été créée en août 2016 avec un capital
social de 1.000 euros. Il s’agit d’un intermédiaire qui revendique une
spécialisation dans le matériel et machines des salles de sport !!! Elle
ne fabrique rien.
Pour une fourniture équivalente à celle de Puma, ladite société facturait une
somme de 1.195.603 dollars.
Le football ne se joue pas sans ballon.
Le 9 février 2018 la CAF sollicite le même réseau pour l’achat de 60.000
ballons destinés aux associations nationales. Encore le recours à un
intermédiaire au lieu de s’adresser directement au fabricant. La société qui
traitera l’affaire, basée dans le Sud de la France, n’existe pas. Elle ne sera
créée que le 23 février 2018. L’addition est très lourde, environ 2,5 millions
de dollars, en raison des frais de transport par fret aérien vers les 54 pays
membres de la CAF.
Les sociétés sollicitées par la CAF pour ces différents achats étaient en
relation avec un très proche du président Ahmad.
Autre dossier : le Comité exécutif a validé la
proposition du président d’octroyer à chaque association nationale une
subvention de 100.000 dollars par an à utiliser comme suit :
– 80.000 dollars pour le développement du football des jeunes et les
déplacements de l’équipe nationale A ;
– 20.000 dollars pour les dépenses de chaque président de fédération. Une somme
qui devait être virée sur leur compte personnel.
Il y a encore la prise en charge de 15 présidents de fédérations musulmans à l’occasion
d’un déplacement entre le Caire et l’Arabie Saoudite à l’occasion du Ramadan
2018. Jamais aucun des prédécesseurs du président actuel de la CAF, ni
Ydnekatchew Tessema, ni Issa Hayatou n’aurait, une seule seconde, pensé agir de
la sorte. Une contravention aux règles fondamentales de l’institution faîtière
du football en Afrique.
Il s’agit là d’une addition des graves dysfonctionnements de la cité de verre – enfin beaucoup moins qu’on ne le pense intra-muros – qui abrite le siège de la CAF. C’est extraordinaire comme les langues se délient, sans doute le témoignage d’une grande exaspération collective.
Le président Ahmad, ambiance égyptienne peut-être, est frappé de mégalomanie. Il se prend pour Pharaon. Rappelons-nous qu’au début de cette année, un membre du Comité exécutif de la CAF, le Libérien Musa Bility avait démissionné de deux de ses fonctions. Il dénonçait le comportement du président en exercice. « Chaque décision du président de la CAF doit être approuvée par le Comité exécutif. Or, ce n’est clairement pas le cas actuellement », écrivait-il.
Un climat délétère s’est installé Cité du 6 Octobre où se trouve le siège de la Confédération Africaine de Football. Dans ces circonstances beaucoup se demandent si Ahmad Ahmad peut continuer à exercer les fonctions de président de l’institution.
à suivre
Bravo, on attend la suite avec impatience