Elles n’ont guère le droit à la lumière. Beaucoup pensent qu’’elles ne sont pas à leur place sur un terrain de football. Les médias ne s’intéressent pas à elles. Et pourtant elles auront un rôle à l’avenir. C’est une certitude, n’en déplaise à ceux qui ne voient en elles que des usurpatrices. Le football féminin est appelé à grandir très vite en Afrique, y compris dans des pays où certains – et ils étaient les plus nombreux – pensaient à tort que le rêve des jeunes-filles, les Amazones, les Tigresses, les Lionnes, j’en passe et des meilleures, n’était pas exhauçable.
Les
femmes dribblant, reprenant de volée, frappant de trente mètres, lobant une
gardienne, pointant un pénalty, c’est aujourd’hui et ce sera demain. Elles ont
tout le présent et l’avenir devant elles.
On a eu ces derniers temps des indices forts d’un mouvement en profondeur dont
on sait qu’il lui faudra du temps et de la patience pour s’implanter
définitivement.
Le club Al Difaa vient de remporter la première édition de la Ligue de football
féminin au Soudan. La finale s’est jouée devant six mille fans. Dix-neuf
équipes ont effectivement pris part à la compétition.
Au Mali, le coup d’envoi du nouveau championnat a été donné le dernier week-end
de l’année. La dernière fois que le pays avait pu organiser la compétition
remonte à un peu plus de trois ans. L’AS Mandé de Lafiabougou s’était approprié
la couronne.
Au Niger, elles jouent également. Selon la responsable du développement du foot
féminin à la fédération nationale, le pays crecense 650 joueuses licenciées.
Bien sûr les interdits sont nombreux mais qu’à cela ne tienne, les filles
viennent, jouen t, se font plaisir. Un prédicateur nigérien résume la situation :
« le football féminin n’est pas permis par l’islam.La femme « peut
faire du sport pour sa santé » ou « pour avoir de l’endurance pour
affronter des situations de guerre ou
pour le travail », mais « il ne faut pas qu’elle sorte dans une tenue
qui fera ressortir des parties de son corps
notamment les jambes ».
Reconnues
les footballeuses ? En Sierra Leone une ancienne internationale Victoria
Conteh a été nommée à la tête du club masculin de première division East End Tigers.
Elle entraînait précédemment une équipe de deuxième division. Vous imaginez une
femme menant au titre national une équipe composée d’hommes.
Oui le football est désormais un sport qui se conjugue au féminin. Il y a eu
des précurseurs comme le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Ghana, plus récemment le
Cameroun et la Côte d’Ivoire qui ont disputé la Coupe du monde. Cette année, il
y a eu beaucoup de tournois zonaux (COSAFA, CECAFA, Ouest A, Ouest B, UNAF), en
particulier dans les petites catégories. Si les médias voulaient s’y mettre,
cela irait sans doute beaucoup plus vite.
L’engouement suscité par la dernière Coupe du monde, qui s’est tenue en France, a aussi fait beaucoup avancer le dossier féminin au sein de l’instance suprême. Au point qu’il est envisagé de changer la périodicité de cette Coupe du monde, de passer de quatre ans à tous les deux ans. En Afrique, la FIFA, c’est une suggestion, pourquoi ne financerait-elle pas une Ligue des clubs champions qui se déroulerait dans un lieu unique et réunirait six ou huit équipes. Puisque nous sommes entrés pour quelques semaines dans le temps des vœux, pourquoi ne pas espérer une année 2020 plus féministe ! A votre bon vouloir Mesdames…