On l’avait subodoré, mais on gardait l’espoir.
Messi, Messi, Messi…mais non. Ce ne sera pas encore pour cette fois-ci.
Depuis 25 ans et la consécration de Georges Weah, depuis Président de la
République du Libéria, l’Afrique attend son hypothétique successeur.
Le Sénégalais Sadio Mané a terminé à la quatrième place. Son camarade égyptien
à Liverpool, Mohamed Salah, juste derrière, et l’Algérien Ryad Mahrez à la dixième.
Dans cette élection, comme toutes les autres d’ailleurs, le vainqueur seul a
droit à la lumière. Son seul nom figure au palmarès.
L’amertume résonne dans le cœur de ceux qui pensaient que cette année serait la
bonne. De là à penser qu’ils sont victimes d’une forme d’acharnement à laisser
le continent africain dans son splendide isolement. « On les laisse jouer
avec nous, dans nos clubs, on les paye bien, et c’est déjà pas mal. Qu’ils ne
viennent pas nous voler nos trophées ». Sondez les supporteurs africains
et vous entendrez ce type d’arrière-pensées des Européens, dépositaires de l’organisation
du football mondial.
A ceux-là la réponse à apporter est toute simple. L’Afrique a voté, dans l’ordre,
pour Messi devant Mané, Van Dijk, Ronaldo et Salah. L’Europe a d’abord choisi Van
Dijk devant Messi, Ronaldo, Mané et Salah.
Messi est sans doute le plus grand joueur de sa génération. Nul ne peut en disconvenir. Mais le Ballon d’or n’est pas là pour consacrer le plus accompli de tous mais pour célébrer le meilleur de l’année. C’est ce que m’avait dit Jacques Ferran, un des pères du Ballon d’Or, lorsqu’il m’avait confié l’organisation du Ballon d’or africain il y a très exactement quarante ans.
Sadio Mané et Mohamed Salah avaient tout gagné avec Liverpool, championnat d’Europe, championnat d’Angleterre, le titre de meilleurs buteurs de la Première League anglaise en partage avec le Gabonais Pierre-Eymerick Aubameyang.
Que faire de plus !
Considérer ces récompenses, qui ne siéraient pas à des Africains, avec la belle indifférence de ceux qui, dans les stades, savent acclamer leurs héros au point de les chérir en se moquant du reste. Leur enthousiasme et leur bonheur sont le plus beau des trophées. La mémoire inaltérable de ces fans est le plus beau des Ballons d’Or.