Overdose. Oui nous sommes en overdose de football. Depuis le déroulement de la Coupe d’Afrique des Nations nouvelle formule en Egypte, avec ses 24 équipes, ses 52 matches on n’a cessé, semaine après semaine, de jouer, de jouer et encore de jouer. Tenez, on en est déjà à 196 matches en Coupes d’Afrique des clubs. Le calendrier est surchargé. Ces derniers jours il y a eu la Coupe du monde U17 au Brésil avec quatre équipes, la CAN U23 en Egypte, qualificative pour les Jeux olympiques, et en tête d’affiche, les premiers matches éliminatoires de la CAN 2021.
Ce ras-le-bol on le constate en regardant les tribunes
des stades. Pour beaucoup, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles ne font
pas recette. Même les matches éliminatoires de CAN sont parfois cruellement
désertés. Le calendrier des compétitions a été chamboulé. Cette absence de
réflexion de la part de ceux qui sont en charge de l’établir est inquiétant.
Tout se passe comme si, pour paraître grands, pour avoir droit à la
reconnaissance des autres continents, les responsables avaient décidé de copier
leur organisation sur celle de l’UEFA. A-t-on pensé aux Etats qui sont ceux qui
financent la participation aux compétitions ? A-t-on pensé aux
déplacements aériens sur le continent ? Ils font comme s’il y avait des
compagnies low-cost en veux-tu, en voilà. A-t-on pensé aux joueurs qui doivent
passer des heures dans les airs en multipliant les escales ? Le football
ce sont d’abord les acteurs qui sont sur le terrain. Tout doit être mis en œuvre
pour leur faciliter la tâche. Hélas, ceux qui en ont la charge, je parle de
ceux qui gèrent le football des 54 associations nationales, ne remplissent pas
leur mission. Les joueurs tirent la langue. Beaucoup des engagements, salariaux
notamment, ne sont pas tenus. Un exemple, le championnat du Zimbabwe, eu égard
à sa qualité, inflige à ses supporteurs, de moins en moins nombreux, 34
journées. Au Zimbabwe la compétition a démarré fin mars elle s’achèvera dans le
courant du mois de décembre. Deux pays en Afrique ont une première Ligue à vingt
clubs. Le raisonnable serait d’avoir au maximum seize clubs dans l’épreuve-phare
pour les meilleurs, 14 ou 12 pour les autres afin de construire un football
vraiment compétitif. Qui s’interroge réellement sur ce dossier ?
Regardez les sélections des pays pour les deux premières journées éliminatoires
de la CAN 2021. A l’exception d’une poignée de pays, les joueurs évoluent tous
hors du continent. Est-ce vraiment cela le football africain !
Revenons un instant sur ces premiers matches
éliminatoires de la CAN 2021. Cinq coups de chapeau aux Algériens. Ils ont
montré que leur titre de champion d’Afrique en juillet dernier était tout sauf
une usurpation. Peut-être retrouverons-nous les grandes cuvées des années 80 ou
celle de la Coupe du monde made in Brésil en 2014. Un feu d’artifice dont on
peut se persuader qu’il ne sera pas une simple étincelle. Le Sénégal a fait le
job contre le Congo. Après tout l’essentiel n’est-il pas les trois points.
Sommes-nous trop gourmands. Ce n’est pas le moindre de nos défauts. Nous les
journalistes, les spectateurs sommes des inconditionnels du toujours plus. La
Tunisie a facilement disposé de la Libye qui, pour vivre dans un univers clos,
ne manque pas d’un talent que trop souvent on lui dénie. C’est toujours ainsi pour
exister vivent l’invivable. Je m’étonne toujours qu’aucune chaîne de télévision
ne leur ai consacré le moindre reportage. La Tunisie est depuis toujours une
des reines des éliminatoires. Toujours présente, toujours qualifiée. Là encore,
personne ne leur rend cette justice de le dire.
Un mot des mauvais élèves. D’accord nous n’en sommes qu’à la première journée.
Le Nigeria reste poussif et a dû se contenter du strict minimum face au Bénin.
Pareil pour la formation ivoirienne en pleine reconstruction. Le Maroc, le
Cameroun et l’Egypte n’ont pas répondu à nos attentes. Quand ils paraissent sur
une pelouse on s’imagine retrouver une sélection au sommet quand bien même ce
zénith remonterait à une ou plusieurs décennies. Alors, pour ne pas leur jeter
la pierre, on fait le décompte des absents.
Un commentaire d’après-match m’a interloqué. Il émane de Claude Le Roy en charge
du Togo depuis plus de trois ans depuis. Après la défaite concédée aux Comores il
a dit : « C’est le meilleur match qu’on ait fait que je suis au Togo ».
Je vous fais juges.
Deux bravos : le premier pour le Ghana qui a battu l’Afrique du Sud. Est-ce l’amorce
d’un retour sur le devant de la scène des Black Stars après les scandales et
secousses de ces deux dernières années ; le deuxième à la Gambie
victorieuse en terre angolaise. Le football angolais n’a jamais, de toute son
histoire, réussi à s’épanouir sur la scène continentale. C’est réellement un
grand mystère.
Il me semble que le problème qui hante toutes les équipes c’est qu’elles ne se projettent pas. Elles vivent au jour le jour. Elles vivent dans l’immédiateté. On verra ce qu’il en sera lors des prochaines journées. On a encore une année avant d’en terminer avec les éliminatoires.
Enfin, sans doute vais-je vous l’apprendre, huit grandes équipes du football mondial, dont le Real Madrid et l’AC
Milan, ont annoncé vendredi la création d’une association
mondiale des clubs, censée devenir un interlocuteur auprès de la Fifa et pouvoir
peser dans la réforme controversée de la Coupe du monde des clubs.
Parmi les huit figure un club africain. Pas Al Ahly, pas l’Espérance de Tunis,
pas le Wydad de Casablanca, pas les Mamelodi Sundowns. Non il s’agit du Tout
Puissant Mazembe de Lubumbashi dirigé par le très puissant Moïse Katumbi Chapwe
depuis 1997. Ce très alerte quinquagénaire a une vraie passion pour le ballon
rond et pour son équipe. Il a beaucoup investi et a construit un vrai club. Il
a compris que pour exister il fallait être au côté des plus grands. Puisse-t-il
servir de modèle à ses pairs sur le continent et les inciter à créer lui aussi une
association des grands dirigeants du ballon rond en Afrique qui ferait un bon interlocuteur
de la CAF.