De mémoire, je n’ai pas souvenir d’une telle situation.
Au moment même où huit pays (Egypte, Mali, Cameroun, Ghana, Nigeria, Côte d’Ivoire,
Afrique du Sud et Zambie) disputent une bataille capitale pour une place au
tournoi olympique de Tokyo, leurs pays sont sur la brèche dans une autre course
à la qualification, celle de la CAN 2021. La CAF a programmé deux matches entre
le 11 et le 19 novembre.
Mortelle concomitance.
La CAN, bien sûr, c’est l’objectif de chacun. C’est la
référence suprême du football africain y compris dans les pays qui savent qu’ils
n’ont quasiment aucune chance de la remporter au cours des deux prochaines
décennies. Mais les Jeux Olympiques ne sont pas une petite affaire. Dois-je vous
rappeler que ces Jeux ont grandi l’image du football africain dans le monde du
ballon aussi rond que la planète. Souvenez-vous de la conquête de la médaille d’or
du Nigeria en 1996 à Atlanta. Nwankwo Kanu et ses camarades étaient devenus des
héros dans leur pays mais aussi dans toute l’Afrique et ailleurs de par le
monde.
Quatre ans plus tard les voisins camerounais, Samuel Eto’o en tête, emboîtaient
le pas des Super Eagles, en montant sur la plus haute marche du podium à Sydney.
D’autres médailles, argent et bronze, suivront pour les Nigérians en 2008 à
Londres et en 2016 à Rio de Janeiro.
La CAN U23 a été créée en 2011 comme éliminatoire des
Jeux Olympiques. Sa périodicité est d’ailleurs quadriennale Son but était de
générer de nouvelles ressources financières en faisant venir de nouveaux
partenaires économiques. La précédente formule par élimination directe ne
permettait pas d’attirer les lumières de la médiatisation.
Franchement, je ne comprends pas quel homme de terrain, je ne parle pas des hommes
de bureau – les « bla-bla-teurs » – puissent accepter que les
éliminatoires de ces deux épreuves majeures par leur enjeu se déroulent au même
moment. Comme si les U23 n’étaient que des enfants de chœur, des
apprentis-joueurs. Combien d’équipes en Europe ou en Amérique du Sud ont-ils
dans leurs rangs des « gamins ».
Le choix pour les sélectionneurs est cornélien, U-23 ou U+23. Affaiblir les uns
vous avez pu constater pour enrichir les autres comme si on ne pouvait pas
courir deux lièvres à la fois.
Dans le même ordre d’idée, vous avez sans doute remarqué que les deux premières
journées des éliminatoires de la CAN 2021 sont programmées dans ce qu’il
convient d’appeler « les dates FIFA » entre le 13 et le 19 novembre.
Cela ne semble déranger que les seuls sélectionneurs, les autres n’ont que faire
des joueurs. Le premier à s’être manifesté se nomme Gernot Rohr, en charge des
Super Eagles du Nigeria.
« Beaucoup de garçons jouent encore le dimanche 10
et doivent voyager le 11 pour aller au Nigeria. Le lendemain, de Lagos, ils vont prendre un avion pour rejoindre le lieu de la rencontre, à Uyo.
Ils vont donc arriver le mardi pour faire un
entraînement de veille de match et jouer le mercredi après-midi ! C’est un
peu spécial, ça manque un peu de respect par rapport à la santé des joueurs et au travail des entraîneurs ».
Finalement le match et la presque totalité des autres ont été programmés jeudi.
La FIFA et la CAF ne paraissent guère se soucier des joueurs dont certains
effectuent de longs et pénibles voyages aériens avec la fatigue qu’ils représentent.
L’Afrique ce n’est pas l’Europe Messieurs. Les distances sont longues et on ne
prend pas un avion comme on hèle un taxi. A chaque continent ses vérités, ses
réalités. Peut-être que les anciennes gloires qui occupent souvent les chemins
de la médiatisation pourraient-ils prendre la défense de leurs jeunes
héritiers. Dans l’intérêt du jeu et dans le respect des joueurs.