Dans quelques jours un quarteron de pays, Angola, Cameroun, Nigeria et Sénégal, porteront au Brésil les couleurs de l’Afrique dans la Coupe du monde des moins de 17 ans. Une lourde responsabilité quand on sait que cette compétition mondiale est celle qui a valu le plus de succès au football continental, avec cinq couronnes pour les Nigérians (le record) et deux titres pour les Ghanéens. Ivoiriens, Burkinabé et Maliens sont également montés sur le podium. Mieux encore la finale de 1993 (Nigeria – Ghana) et celle de 2015 (Nigeria – Mali) ont été cent pour cent africaines. C’est dire la responsabilité des équipes présentes au Brésil.
Mon attention s’est portée sur les Lionceaux camerounais.
Lorsque l’ancien international Thomas Libiih, aujourd’hui en charge de la
sélection cadette, a communiqué la liste des 21 sélectionnés, il en avait
effacé les noms des six joueurs, parmi lesquels figurait celui d’Etienne Eto’o,
le fils de qui vous savez. Après une série de quiproquos et d’atermoiements, le
sélectionneur avait été contraint de s’en tenir à un ancien décret présidentiel
(septembre 2014) que les équipes
U-15 et U-17 du pays devraient être réservées aux joueurs de championnats
nationaux.
Soit. On peut l’accepter. A condition toutefois que les jeunes participent
régulièrement à des compétitions sur le territoire national. Ce qui ne me
semble pas être le cas actuellement au Cameroun. Bref on appauvrit la sélection
nationale. Plus grave on appauvrit les espérances de la représentation
ivoirienne. Il est certain que cette décision met l’accent sur le football des
jeunes, trop souvent négligés et pas seulement au Cameroun.
Aujourd’hui la plupart des sélections africaines, de quelque niveau que ce soit, reposent sur les joueurs expatriés ou les binationaux. Ceux qui ont été écartés du groupe de Thomas Libiih auront-ils à l’avenir le désir de répondre à d’éventuels appels de l’équipe nationale. Certains ne seront-ils pas tentés, s’ils en ont la qualité, de répondre à la sollicitation de leur pays d’accueil ou de leur pays de naissance qui ne sont pas le pays de leurs racines familiales ? Je n’ai pas de réponse à cette question difficile mais je crois qu’elle doit être posée. Et une équipe nationale doit réunir les meilleurs de leur génération.
Dans cette réflexion j’ai lu avec beaucoup d’intérêt les réflexions de Jules Denis Onana, ancien international lui aussi (il a été de la campagne de la Coupe du monde 1990), sur le site Azsports.info.
« Les footballeurs locaux sont de moins en moins compétitifs et ne peuvent plus rivaliser avec les joueurs évoluant à l’étranger. Le problème est simple : le niveau actuel du championnat camerounais ne permet pas aux joueurs de progresser. Les conditions d’entraînement en club, l’organisation des championnats, l’irrégularité de la programmation des matches, les incertitudes du calendrier de la saison sportive, la mauvaise qualité des terrains d’entrainement et de compétition sont autant d’obstacles au progrès des joueurs locaux ».
Onana demeure pourtant un avocat acharné des joueurs locaux. Le problème, j’insiste là-dessus n’est pas propre au Cameroun. Beaucoup se reconnaîtront dans ce dilemme. La difficulté c’est que l’on voudrait faire plus et mieux avec des comportements d’amateurs. Ce sont les mentalités qui doivent changer.