Le cri d’alarme d’Augustin Senghor

Augustin Senghor, avocat de profession, est le président de la fédération sénégalaise de football, président de l’US Gorée, l’île dont il est aussi le maire. Il est également membre du Comité exécutif de la CAF. Cette semaine dans les colonnes du quotidien « Stades » édité à Dakar, il a lancé un cri d’alarme dont je vous reproduis quelques extraits.

« Le football sénégalais agonise ! Le problème aujourd’hui est que notre football repose sur un seul pied, c’est à dire le capital joueur puisque nous ne sommes ni subventionnés ni accompagnés par les sponsors comme c’est le cas dans certains pays. Les clubs sont obligés de vendre chaque année leurs joueurs pour pouvoir s’engager dans la saison suivante. Nos joueurs locaux touchent des salaires infimes par rapport à ce qui se fait ailleurs en Afrique et Europe. Les présidents de clubs sont fatigués. Depuis 10 ans on essaie de développer notre football, tout cela se fait sous de bons auspices, mais il nous faut l’appui de l’État sous formes de subventions ou par d’autres voies. Orienter les sponsors, sociétés nationales, privées, vers les clubs », a déclaré Augustin Senghor.  

Ce constat très inquiétant ne concerne pas le seul Sénégal. Je connais plusieurs dizaines de dirigeants de fédération sur le continent qui pourraient adhérer aux propos d’Augustin Senghor, les faire leurs. Tenez, les dirigeants de l’USM Alger ne savent pas encore comment ils vont financer le déplacement au Kenya de l’équipe pour le match retour de la Ligue des champions contre Gor Mahia à la fin du mois de septembre. Les exemples sont nombreux de ces responsables qui doivent se débattre, en attendant le bon vouloir des autorités de tutelle. Dans le même esprit, j’ai lu, dans le quotidien d’Addis-Abeba « The Reporter » que les matches internationaux qui doivent se dérouler en Ethiopie auraient été transférés, même temporairement, vers les pays voisins car les stades du pays ne respectent pas les normes minimales fixées par la Confédération africaine de football.   

Mais où va-t-on ?
Avez-vous noté par ailleurs que le Cameroun a perdu, dès le tour préliminaire, ses deux représentants en Coupes d’Afrique des clubs. Même sanction pour les Ivoiriens de la SOA d’Abidjan, alors que le second club du pays était exempté du premier tour de la Coupe de la Confédération. Il n’y a pas que des problèmes financiers et ils sont tout sauf négligeables. Il y a aussi des problèmes d’organisation. On s’est enflammé pour la création de ligues professionnelles sans en avoir les ressources. On a eu un nombre de clubs excessif en première division. Et je ne parle pas de la désaffection récurrente du public. J’ai regardé cette semaine le bilan du tour préliminaire des deux Coupes interclubs. Quatre pays ont conservé leurs quatre représentants (2+2). Sans surprise pour moi comme pour vous, je suppose, il s’agit de l’Algérie, l’Egypte, le Maroc et la Tunisie. La Zambie s’en sort pas mal avec trois sur quatre. Les pays du Nord sont des privilégiés mais s’ils se heurtent à des difficultés.

Bien sûr on peut continuer à faire la sourde oreille aux propos d’Augustin Senghor mais, franchement, à titre personnel je suis inquiet. D’autant que si vous observez le calendrier international, les rendez-vous sur le continent ne cessent de se multiplier. On sort tout juste des Jeux Africains. Question : le football a-t-il encore sa place dans une compétition qui réunit 27 disciplines, d’autant que les matches se jouent le plus souvent devant des banquettes vides. Pas un week-end sans rendez-vous international. Oh, oh les gars, et les compétitions nationale !On les joue en semaines…

Alors, de grâce Augustin, portez le débat devant le comité exécutif de la CAF. Votre combat est celui de toute l’Afrique et pas du seul Sénégal. Il n’est que temps. D’avance, merci.

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