Bien peu l’auront remarqué et pourtant cela faisait 21
ans qu’un pareil scénario ne s’était produit. Sur le banc des deux finalistes,
l’Algérie et le Sénégal, les sélectionneurs seront Africains, Djamel Belmadi
avec les Fennecs, Aliou Cissé avec les Lions de la Teranga. Il faut remonter à
1998 pour trouver place d’un tel phénomène. A Ouagadougou l’Egyptien Mahmoud El
Gohary avait pris le meilleur sur son collègue sud-africain, Jomo Sono.
Ce que je retiens ce sont les propos de Belmadi après la qualification. « Jouer cette finale contre mon ami Cissé, c’est extraordinaire.
C’est un bon message qu’on envoie à nos responsables du football en
Afrique, c’est extraordinaire. Je connais Cissé et il fait du bon travail ».
Les sélectionneurs africains n’ont pas bonne presse. Je vous
le dis d’autant plus facilement que des confrères maliens et ivoiriens m’ont
appelé après l’échec de leur équipe pour me dire, Ibrahim Kamara ou Mohamed
Magassouba n’était pas l’homme de la situation. Pour qualifier l’équipe, ils
étaient bien présents et compétents. Mais dès que l’aventure tourne court le « solitaire »
est toujours la victime toute désignée, la première tête à couper. Djamel Belmadi
et Aliou Cissé auraient été honnis s’ils avaient échoué. Ils auraient été
rejetés comme des incapables. Ils ont tous deux été des internationaux dans
leurs pays. Leur arrivée à la tête de la sélection nationale a parfois été
contestée et leur chemin semé d’embûches mais personne ne sera désormais
autorisé à leur dénier leur compétence. Oui
j’aime les paroles de Belmadi « Au peuple algérien, je
veux dire que je ne suis pas un politicien, pas un faiseur de miracle, pas
un sorcier, mais qu’on va se battre comme on s’est battu jusqu’à présent.
Voilà ce que je peux promettre. On va faire le maximum.
Chaque
fois qu’une fédération d’Afrique se déclare en quête d’un sélectionneur, elle reçoit entre 70 et 80 candidatures d’inconnus
souvent qui se prétendent tous connaître l’Afrique, le football africain et s’affirment
tous être le bon choix. Aujourd’hui tous les bons choix ont roulé à terre. Bien
sûr il faut, comme en toute chose, se garder de généraliser. Il y a de très bons
entraîneurs étrangers en Afrique. Mais il y en a au moins tout autant qui ne
répondent pas à tous les critères. Je voudrais ici prendre un exemple, celui de
Nicolas Dupuis. Vous l’auriez proposé à 99% des dirigeants africains, ils vous
auraient ri au nez. « Vous vous moquez de nous ! »
Dupuis n’avait pas de carte de visite. Sans le moindre background de haut
niveau, il a emmené l’équipe de Madagascar en quart de finale de la CAN pour la
première expérience du pays dans cette compétition. Sans référence, l’éducateur-formateur
a su créer une équipe, un groupe, lui conférer une identité, lui donner une
âme.
En finale vous allez donc avoir
deux coaches africains. Les Européens ont perdu leur place lors des demi-finales.
Cela n’était pas arrivé depuis 1998. Pourvu que cela donne à réfléchir à ces
dirigeants qui pensent toujours que le bon choix c’est celui du non national. Pour
les compétitions des jeunes ils estiment qu’on peut faire appel à un homme du
cru mais pour les A, pensez donc, « vous n’y pensez pas ! »
Non Messieurs, on ne vous blâmera pas de jouer dans le domaine qui nous et vous
concerne la carte de la priorité nationale. Et merci à Djamel Belmadi et Aliou
Cissé de leur faire une bonne piqûre de rappel. Afrique 2 – Europe 0.