Ils ne sont plus
que huit. Huit pays à prétendre la succession du Cameroun, roi déchu de sa
couronne en huitième de finale par le Nigeria. D’autres vainqueurs potentiels
se sont arrêtés plus tôt que prévu comme l’Egypte, pays organisateur, et le
Maroc. C’est déjà de l’histoire ancienne. Les comptes se règlent ou plus
exactement se règleront sur place. Restent dans la course le Sénégal, qui
portait au départ le maillot de favori, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la
Tunisie, l’Algérie, l’équipe la plus séduisante depuis le coup d’envoi de la CAN, l’Afrique du Sud, le Bénin,
invité surprise, et surtout Madagascar. Quoi qu’il leur arrive désormais, les
Barea auront largement rempli leur contrat. Il n’était, pour s’en convaincre de
voir la mine réjouie d’Andry Rajoelina, Président du pays, dans la tribune
officielle lors de la qualification, aux tirs au but, face aux Léopards de la
RD Congo.
Si les impressions sont confirmées, ce devrait, non ce pourrait être une
finale Sénégal – Algérie. Elle aurait de la gueule. Le Sénégal n’a jamais gagné
la Coupe. Il n’a disputé qu’une finale contre le Cameroun en 2002. Et l’Algérie
n’est montée qu’une seule fois sur la plus haute marche du podium, en 1990 chez
elle, après avoir difficilement battu en finale le Nigeria. On verra bien le 19
juillet. D’ici là tout demeure possible. N’empêche que le Bénin et Madagascar
partent à très grosse cote.
Chaque matin je me
fais ma revue de presse africaine à laquelle j’ai ajouté cette année une petite
promenade sur les réseaux sociaux. Avec ces derniers, les commentaires sont
succincts. Nuls. C’est l’adjectif le plus à la mode. Le sélectionneur – celui qui
perd, mais pas que – est nul. Les joueurs sont nuls. Et pourquoi untel se
morfond sur le terrain. Il ferait mieux que tel autre qui lui est sur le
terrain mais qu’on ne voit guère. Les joueurs, on les dézingue à la
kalachnikov. Un ballon raté, une passe mal assurée, un mauvais positionnement
et pan, vous êtes nul. Les perdants en prennent pour leur grade. Pas de pitié.
Je ne savais pas que c’était aussi violent, aussi direct.
J’ai lu plus sereinement parmi les articles de presse celui d’un de mes
confrères du quotidien de Kinshasa « Le Phare » dont j’ai choisi de
vous livrer un extrait
« Il faut repenser la politique sportive nationale, en termes d’aménagement des infrastructures et de leur gestion, de l’organisation des compétitions communales, provinciales et nationales, de la rue jusqu’au niveau de l’élite, en passant par les écoles, les universités, l’armée, la police… de la préparation des équipes d’âge, du sponsoring dans le sport, de la formation des encadreurs techniques, de la préparation des compétions africaines et internationales, etc. ». Et d’ajouter « l’échec des Léopards exige d’être décortiqué correctement afin de repartir sur de nouvelles bases. Sinon, comme souvent déploré dans les médias et dans les débats de rue entre sportifs, on risque de passer rapidement l’éponge et de retomber, comme par le passé, dans l’improvisation ». Faut qu’ça change, je n’ai rien à redire du processus. Mais je voudrais ajouter à ceux qui s’en prennent aux sélectionneurs en général : s’ils sont venus, pour la plupart de pays européens c’est que les dirigeants du pays les ont sélectionnés, souvent dans des listes de plus de 70 candidats. Choisis sur quels critères ? Les responsables du choix doivent répondre à cette question. On pourrait pousser le problème beaucoup plus loin en parlant des dirigeants de fédération. Il y a longtemps j’avais suggéré qu’à l’instar de centres de formation des joueurs, il devrait y en avoir pour ceux qui aspirent à diriger clubs et fédérations. Comme vous l’imaginez, j’ai prêché dans le vide.
Tout échec est collectif. Les joueurs, les sélectionneurs sont des victimes expiatoires. Des nuls il n’y en a pas. Il y a tout simplement des excellents, des très bons, des moins bons et parfois des mauvais, ceux qui ne s’impliquent pas et se mentent à eux-mêmes. Au Caire comme à Alexandrie, Ismaïlia et Suez cette année, mais ni plus, ni moins que lors des éditions précédentes. Les gagnants ce sont toujours ceux qui décrochent la timbale. Tous les autres, finalistes, demi-finalistes et au-delà, sont des perdants et dégagent chez leurs fans les plus fanatisés un goût amer pouvant aller parfois jusque de la haine. La défaite, que vous soyez grand ou misérable, la défaite est toujours indigeste, insupportable et, pour beaucoup. Ressentie comme une humiliation.