Un titre de champion, et après ?

Vous le savez peut-être – mais parfois je me pose la question du suivi de ce type de compétition – le Cameroun a été sacré champion d’Afrique des moins de 17 ans, le 28 avril dernier à Dar Es Salaam.
Encore une fois les pays qui n’avaient pas d’équipe dans la compétition ont ignoré le déroulement de la compétition préférant se concentrer sur les championnats européens. On est tellement habitué à cette indifférence qu’on ne la relève pas.

En vérité la compétition s’était pour la plupart terminée à l’issue de la phase de poules qui avait dégagé les quatre demi-finalistes, ceux qui venaient d’obtenir leur ticket pour la Coupe du monde de la catégorie. Sur place, à partir du moment où la Tanzanie avait été éliminée, les stades sonnaient désespérément vides. Je ne voudrais surtout pas jeter la pierre aux Tanzaniens. C’est une antienne et pas seulement chez les moins de 17 ans. On verra en Egypte aux mois de juin et juillet si les arènes de la grande CAN affichent complet. Franchement, voir des stades d’une capacité de 60.000 spectateurs quasiment déserts, c’est une horreur.

Les plus avertis savent peut-être que le mode de qualification avait été modifié et qu’à un tirage au sort général la CAF lui avait préféré des éliminatoires régionales au prétexte que les petites nations avaient le devoir de progresser et qu’elles ne pouvaient le faire qu’en ayant un contact avec l’élite. Je conçois cette conception pour le CHAN mais pour les épreuves débouchant sur une qualification pour une Coupe du monde, ce sont les meilleures équipes, sans distinction d’appartenance régionale, qui doivent participer à leur CAN. On verra ce que le Cameroun, la Guinée, l’Angola et le Nigeria, ce dernier bien décevant, feront à la fin de l’année au Brésil. Je rappelle ici que l’Afrique a obtenu ses meilleurs résultats mondiaux chez les U-17. Jugez-en : 7 titres, 12 finales dont deux cent pour cent Afrique (1993 Nigeria – Ghana et 2015 Nigeria – Mali) en 17 éditions.

 Le football des jeunes est souvent délaissé parce que les fédérations n’ont pas suffisamment de ressources. Certes des centres de formation se sont multipliés ces dernières années mais leur but premier est d’essayer de vendre leurs joueurs. Pas pour tous mais pour le plus grand nombre.


Observateur averti de la CAN U17, membre de la commission technique de la compétition, l’ancien « Léopard », Hérita Ilunga a dit des choses très justes, « si dans un futur proche, des joueurs ayant brillé ici en Tanzanie ne sont pas retrouvés dans les sélections A, on aura échoué à notre mission ». Il a insisté sur la nécessité d’avoir « un suivi pour que ces jeunes puissent progresser et évoluer au très haut niveau ». On ne doit pas bâtir une équipe pour une seule compétition doit être le mot d’ordre.

Parmi les autres questions soulevées lors du rendez-vous tanzanien, la tricherie sur l’âge de quelques participants. Ce n’est pas une nouveauté. Plusieurs joueurs ont été recalés, au dernier moment, juste avant le coup d’envoi. Certains ne veulent rien entendre et continuent des pratiques anciennes. Certains s’acharnent à contourner les règles. Ce ne sont pas les joueurs qu’il faut punir mais les dirigeants car ce sont eux qui n’ont pas fait le job. Depuis des décennies les équipes africaines de la catégorie traînent une sale réputation sur la scène mondiale, celles de tricheuses. Il suffit d’une équipe pour que toutes les autres soient mises dans la même bain.

Ultime observation sur la compétition de Dar Es Salaam, tous les entraîneurs sauf un, le Portugais Soares Gonçalves (Angola), étaient des Africains. C’est quand même étrange qu’ils soient compétents pour les équipes de jeunes et qu’ensuite on s’empresse de les remplacer pour diriger la sélection A. Mais quand est-ce que les dirigeants du football, chacun dans son pays, accepteront-ils de faire confiance à leurs compatriotes. A ce sujet, mais c’est en marge de la CAN U17, le Gabon a lancé un avis de recherche pour le remplacement de Daniel Cousin à la tête de son équipe nationale, les « Panthères ». La fédération a reçu 82 candidatures émanant de 62 Européens, 5 Sud-américains, 1 Américain, 14 Africains dont 4 Gabonais. Ebouriffant, non !
Le plus drôle, enfin le plus triste, c’est qu’il y a quelques semaines le ministre des sports avait répondu à Daniel Cousin qui réclamait après son licenciement, le non-perçu de son contrat. « Daniel connait les difficultés actuelles du pays sur le plan financier, donc qu’il soit confiant, il sera payé dès que possible. De toute façon, l’Etat paye toujours ».
Si j’ai bien compris il n’y a pas d’argent dans les caisses de l’Etat pour payer son dû à un entraîneur gabonais mais il y a de l’argent pour faire venir un entraîneur étranger qui sera nécessairement plus cher…

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