La Voix du Foot Africain

Le vendredi 30 novembre 2018 avait été vécu au Cameroun comme un mélange de honte et de courroux. La Confédération Africaine de Football venait de lui retirer l’organisation de la CAN 2019, considérant que le pays n’était pas prêt à accueillir la compétition. Dans tous les secteurs, l’instance faîtière du ballon rond en Afrique estimait que les retards étaient trop importants. Que ce soit au niveau des infrastructures sportives ou hôtelières, des stades ou encore des terrains d’entraînement.
Elle passait un peu sous silence qu’elle avait décidé de faire gonfler le nombre de participants de 16 à 24, ce qui ne figurait pas dans le cahier des charges initial.

Pour toutes sortes de raisons, beaucoup étrangères au seul ballon rond, on fut les témoins de déclarations parfois fracassantes, parfois apaisantes voire compréhensives. Au terme de quelques palabres et d’échange de courriers, la CAF annonça officiellement, le 23 décembre, que le Cameroun accueillerait l’édition 2021. Information qui provoqua la colère des Ivoiriens initialement choisis, le 20 septembre 2014, pour être l’hôte de la 33^e édition. Et ces derniers de porter l’affaire devant le TAS (Tribunal Arbitral du Sport). La Guinée, elle, consentit à décaler son tour de 2023 à 2025. Certains, Sénégal en tête, lui ont déjà proposé d’organiser l’épreuve conjointement. Proposition promptement refusée. D’ici là bien des choses peuvent changer. La preuve, à l’issue d’un entretien à Abidjan le 29 janvier 2019, le Président de la République ivoirienne, Alassane Ouattara, et le Président de la CAF, Ahmad Ahmad, ont rapidement trouvé un terrain d’entente. A son tour la Côte d’Ivoire a répondu « oui » au glissement, devenu ainsi une sorte de dérapage contrôlé.

Pour cette année, ce sera l’Egypte. Avec la crainte que soulève l’état d’insécurité dans le pays. Connaîtra-t-il la trêve du ballon ? Nul ne le sait mais tout le monde le souhaite.
Bref, après quelques semaines de désordre, tout est rentré plus ou moins dans l’ordre. On attend, non sans impatience, le 21 juin, date du coup d’envoi de la CAN. Un rendez-vous qui sera sous surveillance et qui servira de test pour la nouvelle formule à 24 équipes, c’est-à-dire 52 matches et non plus 32. Les équipes finalistes devront donc jouer sept matches en vingt-neuf jours. Autre point d’interrogation, la disponibilité des joueurs. Ne seront-ils pas préoccupés par d’éventuels transferts et prolongations de contrat ? Cela reste à voir.

Enfin autre question, l’adhésion populaire. Bien sûr chaque pays a ses habitudes. Les Egyptiens suivent leur équipe et ne se préoccupent guère des autres. Dans d’autres pays on supporte totalement ses couleurs mais on aime bien voir les vedettes des autres formations. Le problème ce sont les exigences de la CAF en nombre de stades, 2 stades d’au moins 15 000 places, 2 stades d’au moins 20 000 places et 2 stades d’au moins 40 000 places afin d’accueillir le match d’ouverture et la finale. C’est sans doute excessif et financièrement très lourd. Personne ne s’est jamais posé la question de l’utilisation de ces infrastructures après une CAN. On pourrait citer nombre de stades qui dépérissent une fois les lumières éteintes. La bonne formule serait de demander aux pays organisateurs quelle est la juste capacité qui correspond aux attentes des villes-hôtes. On leur épargnerait un immense gâchis.

Bref, en un mot comme en cent, tout va bien. Egypte en 2019, Cameroun en 2021, Côte d’Ivoire en 2023 et Guinée en 2025. Seule cette dernière n’a jamais, parmi les quatre, organisée une CAN. Bref on a, pendant quelques jours, vociféré, on a parlé de forfaiture, on a mis la CAF et son président plus bas que terre. Dans quelques mois tout sera effacé des mémoires, oublié, et passé à côté des vraies questions. Beaucoup de bla-bla et tout ça pour ça !