Ils viennent de nous quitter. L’un était Algérien et avait été un des héros de son pays de la Coupe du monde 1982. Il s’appelait Mehdi Cerbah. C’est lui qui gardait les buts de la sélection lors du match contre l’Allemagne au Stade El Molinon, à Gijon, le mercredi 16 juin.
Un match inoubliable pour celui qui a eu le privilège de le commenter pour RFFI. Ouverture du score par Madjer, égalisation par Rummenigge, et, dans la foulée but de la victoire par Belloumi. Si vous en avez l’opportunité regardez la composition des deux équipes. Mes yeux brillent encore.
Cerbah n’aura cédé qu’une fois. Je l’entends encore me parler du match comme plus tard de son désir d’aller voir ailleurs. Il partira au Canada, plus précisément au Manic de Montréal. Mais il reviendra au bot d’une année d’expatriation il retrouvera le championnat d’Algérie.
Je me souviens d’un gentil garçon. Mais le monde du foot, il y a quarante ans était un monde différent de celui d’aujourd’hui. Il y avait alors un esprit d’équipe qui prévalait.
Le deuxième disparu s’appelait Sidi Kaba. Malien d’origine, il était un des joyaux du centre de formation du FC Nantes. On lui prédisait un bel avenir. Et puis il y eut ce drame, un accident de la route qui coûtera la vie à deux de ses camarades, Seth Adonkor, demi-frère de Marcel Desailly, et Jean-Michel Labejof. Sidi Kaba ne se remettra jamais de ses blessures. « C’était un très grand attaquant, doté d’un jeu de tête hors pair. Il avait une détente exceptionnelle. Si tout s’était passé comme prévu, il serait devenu le futur avant-centre du FC Nantes », dira, en apprenant la nouvelle, un de ses anciens camarades du centre.,
C’était l’époque des Deschamps, Desailly, Kombouaré, Halilhodzic et de beaucoup d’autres, l’époque du grand Nantes.
Quelques semaines après le drame, le directeur technique du club, Robert Budzinski m’appellera pour me demander si je connaissais en Afrique un joueur capable de remplacer Adonkor. L’année suivante je lui recommandai Abedi Pelé, qui n’occupait pas le même poste, et qui resta pendant trois semaines à l’essai. La suite vous la connaissez.
Les souvenirs frappent à notre porte quand soudain la mort vient mettre une croix sur des visages qui ont imprimé notre mémoire.