Un petit coup de lessive dans les rangs des sélectionneurs

 Le métier de sélectionneur est, sans aucun doute, l’un des plus instables que l’on connaisse en Afrique. « Tu gagnes et tu es adulé » autant sinon plus que les joueurs ; « tu perds et tu es un gros nul, en conséquence tu dois prendre la porte ». Il y a rarement des demi-mesures.
Quatre d’entre eux viennent d’être virés : l’Egyptien Hossam El Badri, le Ghanéen CK Akonnor, le Kenyan Jacob Mulee et le Croate Zdravko Logarusic.

El Badri, ancien international, ancien joueur et coach d’Al Ahly, restait pourtant sur une série de 10 matches sans défaite (6 victoires et 4 nuls), il a néanmoins été remplacé par le Portugais Carlos Queiroz. Ce dernier connaît l’Afrique. Il est né à Nampula dans l’ancienne colonie portugaise devenue Mozambique. Il y a joué. Plus tard il a exercé les fonctions d’entraîneur ou adjoint à Manchester United, au Real Madrid, il a dirigé l’équipe nationale du Portugal, celles d’Iran, des Emirats Arabes Unis, plus récemment celle de Colombie. Les Sud-Africains ont conservé un bond souvenir de lui car il les avait qualifiés pour la Coupe du monde 2002. Son expérience africaine remonte donc à une vingtaine d’années.

Charles Akonnor est un ancien milieu de terrain ayant fait l’essentiel de sa carrière de joueurs dans des clubs allemands. Il a porté à 51 reprises le maillot des Black Stars. Il a joué quatre Coupes d’Afrique des Nations (1994, 96, 98,2000) portant le brassard de capitaine lors de la dernière. Comme entraîneur il a notamment conduit les deux plus grands clubs ghanéens, Hearts of Oak et Ashanti Kotoko.
Son remplaçant s’appelle Milovan Rajevac. Pour les Ghanéens c’est tout sauf un inconnu. Le Serbe, en effet, a déjà occupé la fonction. En 2008 il avait mené le groupe en demi-finale de la CAN. Deux ans plus tard il avait dirigé Michael Essien et les siens en quart de finale de la Coupe du monde en Afrique du Sud. Depuis il a connu deux expériences éphémères avec Al Ahly et plus brève encore avec l’équipe nationale d’Algérie.
Pour une fois le salaire du sélectionneur a été révélé publiquement : 30.000$ US. Beaucoup moins que ce qu’il percevait lors de sa première expérience dans le pays.  Oui on sait tout des engagements financiers des autorités ghanéennes, durée du contrat, primes, etc, etc. Jusqu’à présent au Ghana comme ailleurs c’était un secret bien tenu. Les temps seraient-ils en train de changer !

Jacob Mulee a fait plusieurs allers-retours à la tête des Harambee Stars sans connaître le succès. Quand il y avait instabilité à la tête de la fédération, on faisait appel à lui. Il fallait quelqu’un sur le banc …Il était l’homme de la situation. Mais ça, c’était avant. Puisqu’on vient de lui trouver un successeur pour deux mois et « plus si affinités ». Son nom : Engin Firat. C’est un Turc quasi ment inconnu dont le dernier poste l’a conduit en Moldavie. Firat est un néophyte de l’Afrique. Peut-être a-t-il argumenté qu’il connaît les joueurs africains car beaucoup sont passés et passent toujours par le Sheriff Tiraspol. A une époque il y avait une filière burkinabè. Pour le reste il va découvrir dans quelques jours le football africain à travers l’équipe du Mali contre laquelle le Kenya va disputer ses deux prochains matches éliminatoires.

J’ai gardé l’exemple du Croate Zdravko Logarusic pour la fin. Lui, il n’arrive pas, il s’en va après n’avoir remporté qu’un seul match sur ses onze à la tête des Warriors du Zimbabwe. Joli palmarès !
Il laisse sa place sur le banc à l’ancien international (près d’une centaine de sélections) Norman Mapeza. C’est parfait. D’habitude on chasse les nationaux au bénéfice d’entraîneurs extra-continentaux.

Selon le quotidien d’Harare, « The Herald »’expérience malheureuse de la ZIFA avec le malheureux entraîneur croate a coûté à l’association une facture cumulée de plus de 223 000 $US en salaires et primes au cours des 20 derniers mois. Il est également apparu que l’entraîneur, poursuit le journal, s’est vu offrir une indemnité de départ de 90 000 $ US par l’association en guise de cadeau d’adieu, 35 000 $ US pour les cinq mois restants du contrat et 55 000 $ US supplémentaires pour son rôle dans le succès de qualification des Warriors à la CAN 2021.
L’association avait, pendant longtemps, protégé l’entraîneur sous-performant, malgré la pression de la communauté du football.

La question que l’on devrait toujours se poser en cas d’échec est la suivante : qui a pris la décision d’engager tel ou tel entraîneur et sur quel critère. Tant qu’on n’aura pas le courage de mettre chacun face à ses responsabilités on continuera de dauber sur les contre-performances des sauveurs venus d’ailleurs.
Le Sénégal et l’Algérie, entre autres, on fait appel à des sélectionneurs nationaux. Pour l’heure, ils n’ont pas eu à le regretter.

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