Cameroun: Football professionnel – Les clubs n’y arrivent pas

Le football, en Afrique, ne se porte pas bien mais peu nombreux sont ceux qui osent le dire. Les pressions sont fortes pour taire la réalité. Le grand quotidien « Cameroon Tribune » n’hésite pas aujourd’hui à dénoncer une situation qui ne pourra pas durer indéfiniment. D’autres journalistes, dans d’autres pays, devraient, eux aussi, tirer la sonnette d’alarme. Il en va, dans certains cas de la survie du football pompeusement qualifié de « professionnel ».
GD

Depuis plus d’une décennie, le football d’élite local est pris en otage par des difficultés chroniques de structuration interne. Cette année, la phase retour du championnat Elite One a été émaillée par deux refus de jouer des clubs se déclarant au bord de l’asphyxie. Un scénario vécu pratiquement chaque saison ces dernières années. Faute de ressources financières indispensables, plus précisément de la subvention étatique pour le paiement des salaires, pas moyen de boucler le championnat.

Cette dépendance à l’appoint public constituant le gros des contributions attendues dans le budget. Pourtant, cet appui ne devait tenir que durant les deux années suivant le démarrage du professionnalisme institutionnalisé dans le football camerounais. Devenue vitale par la suite, la subvention a fait ressortir l’incapacité des clubs camerounais à asseoir une organisation rationnelle et professionnelle.
Peu de clubs fonctionnent selon les standards en matière d’entrepreneuriat dans le secteur industriel du spectacle sportif. S’il existe bien sur le plan de la forme des équipes avec le statut juridique de société anonyme à objet sportif, très peu obéissent aux exigences sommaires d’ouverture du capital, de siège, de logo ou encore de traçabilité dans la gestion comptable.
Longtemps avides de liquidités, les clubs ont par exemple été contraints à ouvrir des comptes bancaires. « Rares sont les clubs qui sont véritablement constitués en entreprise ou en société. Nous fonctionnons dans une logique et avec des méthodes d’amateurs. Il s’agit d’une hypocrisie, voire d’une tricherie collective », avoue un président de club sous anonymat.

De fait, il s’agit d’une sorte de mécénat camouflé où on retrouve un président omnipotent, voire une oligarchie investissant de son patrimoine financier dans la marche quotidienne du club. Dans notre contexte, il n’est pas rare de voir des présidents de clubs descendre des tribunes officielles et se substituer aux entraîneurs.
Une liberté d’action des exécutifs leur permettant d’avoir la mainmise sur la manne générée par les transferts des joueurs. « On ne sait pas aujourd’hui ce que gagnent les clubs camerounais lorsqu’ils font sortir les joueurs. Pourtant, ces clubs continuent de vivre à la semelle du gouvernement qui subventionne le fonctionnement de la Ligue et celui desdits clubs », décrie le journaliste sportif Arthur Wandji.
Conséquence de ce flou, des contentieux récurrents liés au non-respect des engagements contractuels entre employeur et salariés. On se souvient encore en 2020 du rappel à l’ordre de la Fifa à la Fédération camerounaise de football au sujet de clubs redevables vis-à-vis de leurs joueurs et encadreurs. Une procédure initiée par le Syndicat national des footballeurs camerounais qui avait répertorié une kyrielle d’irrégularités dans l’exécution des contrats de travail par les clubs.

11 ans après l’avènement du football professionnel au Cameroun, les changements annoncés se font toujours attendre dans environnement truffé d’amateurisme qui a surtout profité du silence des instances organisant et régulant le football local. « Le laxisme s’est généralisé ces dernières années. Les enjeux électoraux et le non-respect des mandats au sein de la Ligue à la Autant au sein des clubs que dans la défunte Ligue de football professionnel du Cameroun, la question du financement s’est toujours posée avec acuité. Ce malgré, la succession de quelques top sponsors et les incitations fiscales accordées par l’Etat au football professionnel. Les partenaires ne se bousculent pas au portillon. La faute également aux luttes intestines et des incertitudes à la tête des organismes chargés d’organiser les compétitions nationales.

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