Le 70e Congrès de la FIFA qui s’est tenu par visioconférence le 18 septembre a apporté des modifications importantes à la règlementation concernant les binationaux, un sujet qui concerne de nombreux pays africains, en premier chef ceux du Nord du continent
Selon l’amendement adopté par la FIFA, à l’initiative de la fédération royale marocaine, une sélection avec l’équipe A d’un pays donné ne sera plus forcément un obstacle à une sélection avec celle d’un autre pays.
Un changement de nationalité sportive deviendra possible pour les seniors, à quatre conditions :
– avoir joué moins de trois matchs avec sa première sélection
– être âgé de moins de 21 ans lors de ces premières apparitions internationales
– ne plus avoir été appelé en sélection depuis au moins trois ans
– ne pas avoir disputé de phase finale d’une Coupe du monde ou d’un tournoi continental (Euro, CAN, etc.) avec la sélection en question.
Ce nouveau règlement s’l réjouit déjà les dirigeants et les sélectionneurs de beaucoup de pays, ne fait pourtant pas l’unanimité. Il y a quatre mois un ancien international algérien, Abdelhamid Merakchi, considérait que le sacre des « Fennecs » lors de la dernière CAN en Egypte, était celui des « enfants de la France » puisque 99% des joueurs de cette équipe sont nés en France. p« On aimerait bien voir un jour l’Algérie gagner une CAN avec des joueurs issus majoritairement d’ici, par exemple de Mascara, d’Annaba, de Constantine, d’ Aïn Temouchent, d’Oran, de Tlemcen et d’Alger » poursuivait-il.
Evidemment cela lui avait valu une volée de bois vert des supporteurs, tout heureux du succès final.
Un universitaire nigérian, plus récemment, rappelait que sur les 368 joueurs inscrits au tournoi de la Coupe d’Afrique des Nations 2017, 93 étaient nés en dehors du pays qu’ils représentaient. La majorité d’entre eux (69) étaient nés en France. 22 autres joueurs, bien que nés en Afrique, avaient grandi dans un pays européen. Près d’un tiers des joueurs du tournoi jouaient pour un pays dans lequel ils n’étaient pas nés ou n’avaient pas vécu depuis la petite enfance.
Lors de la Coupe du Monde de la FIFA 2018, cinq pays africains avaient participé à la phase finale. Le Maroc comptait 15 joueurs nés en Europe, plus deux autres qui ont grandi en Europe. La Tunisie et le Sénégal en avaient chacun neuf tandis que le Nigéria en avait quatre (plus deux autres ayant grandi en Europe). Au total, 38 joueurs pour ces cinq pays étaient nés en Europe, la majorité en France (25).
Lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2019, sur les 552 joueurs inscrits au tournoi, 129 étaient nés en dehors du pays qu’ils représentaient. Encore une fois, la plupart d’entre eux étaient nés en France (86). Et 30 autres joueurs avaient grandi dans un pays autre que celui dans lequel ils étaient nés. Dix-neuf des effectifs marocains étaient nés hors du pays, dont 10 en France, et 14 des sélectionnés algériens étaient également nés en France.
Dans l’ensemble, il apparaît que les pays africains francophones d’Afrique du Nord et de l’Ouest soient plus enclins à puiser dans leurs diasporas. Le passé colonial de la France laisse une grande empreinte sur le présent sportif de l’Afrique. S’agit-il d’un affaiblissement du football tel qu’il est pratiqué quotidiennement en Afrique où souvent les « expatriés », « les pros » bénéficient du statut de premier choix ? A chacun de se faire son idée. Pour sûr le vrai du faux n’est pas simple.