Chronique d’un universitaire « pour ceux qui vivent leur sport » par Abdennour Nouiri COA: les raisons de la non validation d’une candidature

     Ainsi donc M. Raouf Bernaoui ne fera pas partie des prétendants pour l’élection au poste de président du Comité Olympique et Sportif Algérien (COA). Le président intérimaire du COA, M. Mohamed Méridja, en avait fait l’annonce dès le 03 septembre au terme de la réunion de son comité exécutif. Les raisons du rejet de cette candidature seront détaillées dans un communiqué du COA publié 2 jours plus tard et signé par M. Méridja lui-même.

    On y lit que M. Bernaoui a d’une part été exclu du comité exécutif pour ses absences répétées (et il avait été procédé à son remplacement) et de ce fait aussi de l’AG du COA, et que d’autre part, il ne peut représenter la fédération d’escrime (FAE) tout simplement parce qu’il ne pouvait revenir à la tête de cette fédération suite à la mise de fin de fonction le concernant en tant que ministre de la jeunesse et des sports.

    Ici, il y a lieu de faire un retour en arrière! Quand il avait été nommé ministre de la jeunesse et des sports du gouvernement de M. Bédoui, M. Bernaoui avait demandé à ce qu’un intérimaire soit désigné par sa fédération pour le poste de président qu’il occupait. 

    Avant de poursuivre, il semble évident qu’un ministre de la jeunesse et des sports ne peut être membre et encore moins président d’une fédération placée sous son contrôle: on ne peut être juge et partie! Cela est bien explicité dans les textes qui régissent le sport et notamment la loi 13-05 du 13 juillet 2013 et son article 62.

    Cela étant dit la question pertinente est la suivante: « La fédération d’escrime avait-elle le droit de nommer un président intérimaire? »  

    La réponse est contenue dans le statut-type des fédérations nationales et notamment son article 17 qui stipule clairement que:  » Sauf motif dûment justifié, et en cas de démission ou de vacance du poste de président de la fédération sportive nationale, le bureau fédéral doit se réunir en session extraordinaire dans les 15 jours qui suivent  pour constater la vacance et désigner un président par intérim parmi les vice-présidents, par ordre de préséance, chargé de gérer transitoirement les affaires de la fédération. Le président par intérim doit convoquer dans un délai maximum de 60 jours une assemblée générale extraordinaire à l’effet d’élire un nouveau président de la fédération, pour la durée restante du mandat, dans les conditions fixées par les règlements en vigueur, et ce après saisine du ministre chargé des sports« 

    Ainsi donc la FAE a été hors la loi depuis que cet intérim a été prolongé et sans qu’un nouveau président ne soit élu pour remplacer M. Bernaoui. Personne alors ne s’en était offusqué et cette fédération a continué de fonctionner ainsi jusqu’au retour à son poste de président de M. Bernaoui, retour acté par un PV de l’assemblée générale ordinaire de cette fédération.

    Ceux qui suivent l’actualité politique française sont habitués à voir un ministre reprendre son poste de maire dont l’intérim avait été confié à son premier adjoint et ce dès qu’est prononcée sa fin de fonction en tant que ministre. De là à s’inspirer de cette jurisprudence française pour détourner une loi algérienne et instaurer un intérim qui aura duré du 1er avril 2019 au 2 janvier 2020 soit 8 mois pleins est une véritable hérésie.

    La FAE est donc exclue, toujours d’après le communiqué du COA, de l’Assemblée Générale du COA en attendant qu’elle se mette en règle avec les règlements qui régissent les fédérations nationales et le COA. Donc on est bien parti pour assister, bientôt, à une Assemblée élective au sein de la fédération d’escrime ce qui lui permettra de reprendre sa place légitime au sein du COA.

    D’ici là, M. Bernaoui aura beau jeu de crier à qui veut bien l’entendre qu’il est « victime d’une cabale » pour l’empêcher de briguer le poste de président du COA. Toutefois, il devrait se réjouir de l’interdiction qui lui a été signifiée car cela va lui éviter une humiliation s’il s’était présenté au vote de l’AG du COA.

    Pensez-vous un instant que ses pairs l’auraient porté à leur tête lui qui a déclaré sans sourciller alors qu’il était ministre que c’est « grâce à sa baraka que les footballeurs algériens avaient gagné la CAN, leur unique but étant tombé miraculeusement du ciel« .

    M. Bernaoui aurait-il la mémoire courte au point d’avoir oublié comment il a nommé et dans la foulée dégommé un Directeur de la Jeunesse et des Sports à Tizi Ouzou sous le fallacieux prétexte que ce DJS était en même temps président de la fédération de lute. Dans le même temps, d’autres DJS, dans une situation identique, avaient été maintenus  à leurs postes.

    La ou le futur(e)  président(e) du COA qui achèvera le mandat de M. Berraf (qui va courir jusqu’après les JO de Tokyo) se doit de ramener la sérénité dans les rangs du mouvement sportif algérien qui a connu trop de remous tout au long de ces dernières années.

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