Il y a 17 ans disparaissait Marc-Vivien Foé. En puisant dans mes archives, j’ai retrouvé ce que j’avais écrit alors.
La stupeur et la douleur avaient rendez-vous au stade de Gerland, hier soir à Lyon. Incrédulité lorsqu’à l’écart des autres joueurs, seul dans le rond central, le milieu de terrain du Cameroun, Marc-Vivien Foé s‘affaisse inanimé. Horreur, lorsque, environ quarante-cinq minutes plus tard, un responsable de la Fifa annonce la mort du joueur.
Il est 19h36. Il reste moins de vingt minutes à jouer dans la première demi-finale de la Coupe des confédérations. Le milieu de terrain colombien Jairo Patino fait de grands signes en direction de l’arbitre et de la touche. Un joueur vient de tomber en plein centre du terrain. Il est le seul à y avoir prêté attention, le jeu se déroule ailleurs. Yeux révulsés, mâchoires serrées, le grand Marc-Vivien Foé gît sur la pelouse de Gerland, frappé par on ne sait quel malaise brutal. La seule certitude : il n’y a pas eu choc avec un adversaire, le plus proche est à cinq mètres. Très vite on comprend que c’est grave, même si les médecins semblent tarder à réagir.Hector Fabio Cruz, le médecin de l’équipe colombienne, parmi les premiers à être venus sur le terrain, témoigne: «Il était inconscient mais il respirait; puis il a repris connaissance avant de la perdre à nouveau».
Sage avant l’âge
Les secouristes lui débloquent la mâchoire pour lui éviter d’avaler sa langue. Six bonnes minutes se sont écoulées. Les pompiers interviennent, l’évacuent dans la zone médicale du stade, pratiquent un massage cardiaque. En vain. A 20h30, Alfred Müller, le médecin Fifa confirme officiellement le décès de Marc-Vivien Foé. Une chape de plomb s’abat sur la Coupe des confédérations. Ses copains de l’équipe de France sont en larmes au moment des hymnes qui précèdent, à Saint-Denis le coup d’envoi de la deuxième demi-finale, tout comme le sélectionneur de l’équipe de France, Jacques Santini qui l’avait dirigé du temps où ils étaient tous deux à Lyon.
Sa mort est d’autant plus cruellement ressentie que derrière cette solide carcasse longiligne se cachait un homme très attachant. Affable, discret, modeste, n’élevant jamais la voix, introverti sans doute, pas du tout exubérant, disponible pour les médias, souriant mais jamais à gorge déployée, doux, sensible. On sentait sa présence et sa détermination, même lorsqu’il ne parlait pas. Ce qui explique peut-être qu’il n’ait jamais pris le brassard de capitaine, davantage fait pour son complice Rigobert Song. Une sorte de sage avant l’âge, il n’avait pas trente ans et déjà une solide expérience du football, des hommes et de la vie. C’est un grand vide –pas seulement en raison de sa taille– que Foé laisse dans la forêt des Lions. Il faisait l’unanimité en toutes circonstances, sur le terrain et en dehors du terrain. Il était là, il était indispensable. Son effacement apparent lui conférait son identité, forte, qui pesait son poids sur le comportement de l’équipe du Cameroun dont il était un des plus anciens éléments, y ayant effectué ses débuts il y a dix ans.
Marc-Vivien Foé est mort en son jardin, sur la pelouse d’un stade qu’il avait beaucoup fréquenté et qu’il allait peut-être retrouver la saison prochaine, étant toujours sous contrat avec l’Olympique Lyonnais. Un joueur exemplaire, un joueur référence s’en est allé. Lion indomptable peut-être, Lion inoubliable pour tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer.
Marc-Vivien Foé
Né le 01/05/1975 à Nkolo (Cameroun)
Clubs successifs : Canon de Yaoundé, Lens (1994-décembre 1999), West Ham (Angleterre, décembre 99-2000), Lyon (2000-2002), Manchester City (Angleterre, prêt depuis 2002)
Sélections : 65
Buts en sélection : 8
1ère sélection : 22/09/1993 contre le Mexique
Palmarès : 2 participations en Coupe du monde (1994, 2002) ; 2 titres de champion d’Afrique (2000, 2002). Deux titres de champion de France (1998, 2002). Une Coupe de la Ligue française (2001)