Au Nord, c’était les champions…

Au Nord, c’était les champions…Cela démarre comme une chanson de Pierre Bachelet.
Les quarts de finale de la Ligue des champions 2019-2020 ont écarté les deux derniers représentants subsahariens, Mazembe, le Congolais, et Mamelodi Sundowns, le Sud-Africain. Ecartés aussi les deux équipes tunisiennes, l’Espérance, lauréate des deux dernières éditions et qui comme ses prédécesseurs ne réussira pas l’inaccessible apparemment passe de trois, et l’Etoile du Sahel. Ne restent plus, dans cette annuelle chasse au trésor que deux équipes égyptiennes, Al Ahly et Zamalek, et deux équipes marocaines, le Raja et le Wydad Athletic Club de Casablanca.
Le Caire contre Casa, les demi-finales seront une sorte de chassé-croisé, Raja contre Zamalek et WAC – Al Ahly. On ne sait qui sortira vainqueur de ce double duel ; en revanche on sait que ce sera très chaud.

Au Nord, c’était les champions…Cette prééminence des clubs du Nord du continent n’est pas une révélation. Elle est une constante depuis de très nombreuses années. Depuis 2010, ces équipes n’ont laissé que trois titres aux Sudistes, deux au TP Mazembe et un autre aux Mamelodi Sundowns. La finale 2020 sera la sixième de la même période entre deux clubs de la zone Nord. Si on poursuit l’analyse en observant le tableau des demi-finalistes – édition en cours comprise – on constate que l’Egypte et la Tunisie en ont placé le plus grand nombre (7) devant le Maroc (6). La RD Congo, avec le TP Mazembe et l’AS Vita Club, arrive ensuite (5), précédant l’Algérie (4).  
Quand on jette un œil sur le nombre de trophées, l’avantage est encore nettement en faveur de l’Egypte avec ses deux ténors du Caire, Al Ahly (8 titres) et le Zamalek (5 titres), quatorze titres de champions avec celui d’Ismaïli (1969). En face le Raja (3) et le WAC (2) n’en comptabilisent que cinq.

Au Nord, c’était les champions…Comment expliquer cette mainmise du Nord sur le Sud. Il y a d’abord l’antériorité. Al Ahly a soufflé ses 113 bougies l’année dernière. Le Zamalek a quatre ans de moins. L’Espérance qui ne jouera pas les demi-finales a eu cent ans en 2019. Les clubs marocains sont plus « jeunes », 83 ans pour la Wydad et 70 pour le Raja. Même si ce sont des clubs difficiles à gérer, souvent emportés par la passion de leurs supporters, ils ont une assise que l’on ne trouve que très très rarement ailleurs. Al Ahly a une organisation administrative copiée sur le modèle des meilleurs clubs européens. Le club possède sa chaîne de télévision. Il est assuré d’avoir des sponsors qui le suivent. Et ce n’est pas évident depuis le « Printemps arabe » de 2011. Allez donc suivre un match Raja – WAC au stade Mohammed V à Casablanca et vous comprendrez ce que passion du football veut dire.  L’Egypte, le Maroc, la Tunisie et aussi l’Algérie ont une vraie culture du jeu, une vraie passion. Le supporteur est corps et âme derrière son club et ne s’aviserait pas d’en choisir un autre. Tout cela forme un bloc. Et naturellement les clubs du sommet de l’élite possèdent une assise financière même si les temps sont plus difficiles aujourd’hui en raison des changements de situation politique. Un exemple, l’USM Alger, un des grands du football algérien, vient de connaître une passe extrêmement difficile, son mécène, richissime homme d’affaire, a été interpellé par la justice de son pays ce qui a fait que l’équipe s’est retrouvée sans le sou. Heureusement, il a pu s’en sortir avec l’arrivée d’un « sauveur ».

Vaille que vaille, en dépit de difficultés parfois, les grands clubs du Nord ont construit depuis longtemps des structures qui permettent de résister aux périodes de turbulences. Ceux qui tentent de résister au Sud ne sont que des exceptions que l’on peut compter sur le bout des doigts.

Au Nord, c’était les champions…

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