A la fin du mois de mars, les équipes nationales doivent disputer chacune deux rencontres comptant pour les troisième et quatrième journées des éliminatoires de la CAN 2021. Même si on sait peu de choses sur l’épidémie de coronavirus qui sévit sur l’ensemble de la planète, certains pays commencent à s’interroger. Devrons-nous faire jouer les matches à huis-clos ou les reporter ? Pour le moment aucune réponse collective. Silence total des responsables de la CAF. Peut-être ne sont-ils pas au courant que le virus n’épargne pas le continent africain et que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déjà évoqué la question, sans apporter une réponse très claire, il est vrai. La CAF ne peut pas rester silencieuse.
Depuis des mois et des mois l’institution faîtière du
football africain, mais pas seulement elle, ont fait du mutisme une règle de
vie. Ne parlons pas des problèmes qui fâchent, laissons-les disparaître d’eux-mêmes.
De nombreuses personnes qui travaillaient au siège ont été mises à la porte,
souvent après y avoir passé plusieurs années sans que leur attachement et leurs
compétences ne soient remises en question.
L’homme qui dirige la maison depuis exactement trois années a été accusé de lourdes
dérives financières et de harcèlement sexuel. Circulez, il n’y a rien à voir.
Celui qui avait dénoncé ces pratiques, documents à l’appui, alors qu’il était
le secrétaire général, n’est hélas plus là pour poursuivre son combat. Il vient
de disparaître des suites d’une longue maladie.
Il n’y a pas une semaine celui qui avait pris sa succession a remis sa
démission « pour raisons personnelles ». Que cache ce renoncement
brutal. Un intérimaire a été nommé. Il s’agit du directeur des affaires
commerciales, dont on avait aussi annoncé, un temps, la démission, alors que la
logique aurait voulu que ce soit le secrétaire général adjoint. Drôle de micmac !
Oui, personne de ceux qui devraient parler ne s’exprime. A commencer par le Comité d’éthique de la FIFA saisi des différents éléments il y a une année maintenant et qui pratique, lui aussi, la politique du silence.
Les membres du Comité exécutif de la CAF sont également aux abonnés absents. Pas un ne s’est exprimé sur la très grave crise qui immobilise la vie de l’entreprise depuis trop longtemps.
Les ministres des sports des différents pays, mais aussi les premiers ministres ou Chefs d’Etat, ne montrent pas le moindre signe d’une implication. Sans eux, il n’y aurait pas de football, ou si peu, sur le continent. L’argent du football, c’est l’argent qui sort de la caisse des Etats.
Seule une poignée de journalistes fait son métier et expose clairement la situation. Mais ces lanceurs d’alerte ne sont guère écoutés. Ils finiront, dit-on, par se lasser. Pas sûr. Parce qu’ils aiment leur métier. Parce qu’ils aiment le football. Et parce qu’ils entendent défendre les couleurs de leurs pays et de l’Afrique.
Chaque jour est une nouvelle incertitude. C’est comme le
coronavirus. On sait qu’il est là, on sait qu’il se répand. On sait qu’il est
dangereux, parfois mortel. Et le silence demeure assourdissant.
Question : qui veut sauver le football africain du désastre ?