La troisième semaine du mois de janvier 2020 aura été celle du tirage au sort de la phase de poules des éliminatoires de la Coupe du monde 2022, au Qatar. Le principe était connu : il s’agissait de répartir dans dix poules de quatre les quarante équipes encore en lice. Le classement FIFA faisait office de référence. En fait, les observateurs neutres – pas les supporteurs inconditionnels de telle ou telle sélection – étaient surtout intéressés de connaître le nom de l’adversaire de la Côte d’Ivoire, ex-ténor du football continental, aujourd’hui relégué dans le deuxième des quatre chapeaux. Le sort et la main de l’ancien international français, Marcel Desailly, originaire du Ghana, a voulu que ce soit le Cameroun. Lions Indomptables contre Eléphants, de quoi faire se réveiller de vieilles bagarres nourries dans leur passé francophone.
Curieusement cette confrontation est tout sauf un « clasico ». Imaginez que depuis le début des années 2000, Camerounais et Ivoiriens ne se sont rencontrés que sept fois en match officiel, que le Cameroun s’est imposé à quatre reprises, la Côte d’Ivoire une seule fois et par deux fois leur confrontation s’est achevée sur un résultat nul. La nostalgie n’est donc pas dans ces face-à-face. Pas davantage sur le terrain des compétitions interclubs où l’ASEC Mimosas, club-phare ivoirien, n’a remporté qu’une seule fois la Ligue des Champions quand le Canon de Yaoundé s’adjugeait, dans des temps déjà bien lointains, trois trophées. Pour ne pas s’être affrontés très souvent, les deux pays n’en ont pas moins chacun marqué une voire plusieurs pages du football africain. Les plus récentes ont été les victoires des Lions Indomptables à la CAN 2017, au Gabon, et celles des Eléphants, deux années plus tôt en Guinée Equatoriale. On parlerait de deux parcours en parallèle qu’on ne serait pas très loin de la vérité. Chacune des deux équipes a eu son histoire qui n’est pas vraiment passée par celle de son futur adversaire.
Et pourtant, le tirage au sort passé, tous les
observateurs ont ciblé Cameroun – Côte d’Ivoire comme l’affiche des
éliminatoires, en tout cas de ce tour, car le dernier tour constituera en cinq super-chocs,
mais c’est une autre histoire. En vérité les deux footballs sont en phase de reconstruction.
Ils ont du mal, pour les Ivoiriens, à trouver les remplaçants de Didier Drogba,
Gervinho et Yaya Touré, pour les Camerounais, de Samuel Eto’o, Rigobert Song et
Patrick M’Boma.
En mars 2009 la Côte d’Ivoire occupait la 11e place mondiale au classement
FIFA, aujourd’hui elle a reculé de 50 places ; le Cameroun était 14e
en décembre 2012, il n’est plus que 53e.
Alors cette rivalité qui met beaucoup de supporteurs en transe est aussi celle
de deux places fortes de l’espace francophone, une sorte de derby, comme on en
trouve en Afrique du Nord ou en Afrique anglophone, même s’ils n’appartiennent
pas à la même zone géographique.
Lequel du Cameroun ou de la Côte d’Ivoire passera-t-il le cap de la phase de poules ? A deux ans de la fin des éliminatoires il est impossible de faire un pronostic, comme on ignore si l’une ou l’autre de ces deux équipes fera partie des cinq représentants de l’Afrique au Qatar.