Mardi 8 janvier à Dakar se tiendra la traditionnelle remise des Trophées aux lauréats de l’année 2018. Ce sera l’occasion de s’entre-féliciter mutuellement même si, sur les réseaux sociaux, ils seront nombreux à contester tel ou tel choix pour des motifs essentiellement nationalistes. C’est ainsi et l’unanimité est généralement la chose la moins bien partagée.
Quel que soit l’élu chez les hommes, il ne fera pas tâche dans un palmarès qui permet de retracer quelques grandes heures du football africain. Abedi Pelé, Rashidi Yekini, George Weah, Nwankwo Kanu, El Hadiji Diouf, Samuel Eto’o, Didier Drogba et Yaya Touré y figurent en bonne place. D’autres, et ils sont nombreux, auraient pu y figurer. je pense à Jay Jay Okocha, pour n’en citer qu’un seul. Alors Pierre-Emerick Aubameyang, déja sacré en 2015, Mohamed Salah, lauréat en 2017, ou Sadio Mané pour lequel j’aurais voté si j’avais eu à le faire, peu importe.
Là où je suis vraiment consterné c’est avec la disparition pour la deuxième année consécutive du Trophée destiné à récompenser le Meilleur joueur évoluant sur le continent. Une récompense qui mettait en avant les joueurs qui brillaient dans les compétitions en Afrique et qui, pour des raisons x ou y, n’étaient pas partis tenter leur chance en Europe ou en Asie. Cette distinction initiée en 2001, avait du sens et valorisait ceux qu’on a pris pour habitude d’appeler les « locaux ». Un terme malheureusement très restrictif. Un beau matin, un honorable conseiller, sans doute après une mauvaise nuit, avait décrété que ce trophée n’avait pas sa raison d’être. Stupidité qu’il faudra réparer au plus vite. En rergardant la liste du Top 10, publiée voilà quelques semaines, on constate la présence du joueur de l’Espérance de Tunis, Anis Badri, de celui des Mamelodi Sundowns, Denis Onyango, et de l’Egyptien d’Al Ahly, Walid Soliman. L’un des trois aurait fait un magnifique vainqueur. Contre les pros, ces trois-là n’avaient aucune chance. Pour sûr, y’a comme un défaut !
Quelques remarques à la volée sur les autres distinctions. Pour la Joueuse de l’année, pas de problème. Les trois femmes en lice appartiennent à la catégorie du très haut niveau. Pour le meilleur jeune, je n’ai qu’un regret, c’est que les trois nommés évoluent tous en Europe et pas dans n’importe quel club, AC Milan, Borussia Dortmund et Leicester City. Pour l’entraîneur de l’année, mon choix se porte sur Aliou Cissé, chef opérateur des Lions de la Teranga, dont le parcours à la Coupe du monde a été le moins mauvais des cinq représentants du continent avec une victoire, un nul et une défaite.
Chez les femmes, deux des trois entraîneurs retenus sont des hommes. C’est un peu dommage. A une époque où la CAF bat campagne pour le développement du football féminin, chaque association nationale doit mettre en avant d’anciennes internationales pour prendre les commandes de leurs sélections. Rassurons-nous, cela va venir.
Si je vous parle aujourd’hui des Awards, c’est parce que de 1979 à 1992 j’ai eu la responsabilité d’organiser, pour le compte du magazine France Football, le référendum destiné à désigner le Ballon d’Or africain. J’étais encore un jeune journaliste et la confiance du directeur du journal, Jacques Ferran, et du grand reporter du quotidien L’Equipe, Jean-Philippe Rethacker, étaient de celles qui laissent des traces indélébiles. Chaque année à la même période, je ressens toujours un petit pincement de coeur.