Quand la FIFA se substitue à la CAF

Comme moi, vous avez peut-être suivi les matches du tour préliminaire de la Coupe du monde, zone Afrique, sur le site de la FIFA et sur You Tube. Vous vous souvenez peut-être qu’il y a une toute petite poignée de semaines, la FIFA avait acheté les droits-télés, s’engageant à diffuser la presque totalité des matches éliminatoires des Coupes du monde 2022 et 2026 et de répartir les recettes, de façon équitable, entre toutes les associations nationales.


J’ai ainsi pu jongler entre les différents matches découvrant certaines équipes telles que le Soudan du Sud, les Seychelles, l’Erythrée, etc., etc. Constater que certains stades étaient vides. Jouer en milieu de semaine en début d’après-midi n’est peut-être pas le meilleur moyen de remplir un stade ! Opportunité de voir des joueurs totalement inconnus. Bref, mille et une raisons de suivre par tranches ces moments de football. Même si les matches ne sont pas les plus attrayants, même si les joueurs, fussent-ils internationaux, ne sont pas les meilleurs. La curiosité est toujours un bon guide pour celui qui cherche à élargir son savoir.
Reste à se demander si la Confédération Africaine de Football n’était pas en mesure d’organiser elle-même ce type de couverture. Son problème est qu’elle n’a pas les capacités à prendre pareille initiative. Faute d’hommes, faute de moyens et, surtout, faute de compétences. Le grand timonier qui est aux commandes de l’institution du Caire l’a dit lui-même en faisant appel à Fatma Samoura, « nous ne sommes pas capables on ne sait pas faire ». Pourtant avec le nombre de start-up qui se créent en Afrique, il y aurait de quoi réunir des hommes et des femmes qui feraient merveille. Encore faut-il avoir l’idée de les réunir pour gérer une telle opération.


Depuis plusieurs semaines j’insiste sur les failles du football africain. Je viens d’en découvrir une nouvelle. Au Ghana, Max TV va diffuser la saison 2019-2020 de la Premier League anglaise de football. La chaîne en clair ghanéenne a acquis une sous-licence de diffusion en clair auprès d’Infront Sports & Media, qui détient les droits exclusifs pour la région.

Max TV diffusera l’un des matchs de la compétition tous les samedis ainsi que quelques magazines produits par la Premier League. Cela devrait accroitre significativement son audience, sachant que le championnat anglais est l’un des plus regardés du pays.

Le mois dernier, Infront Sports & Media a conclu un accord similaire avec le radiodiffuseur sud-africain en clair OpenView. L’agence de marketing sportif devrait en annoncer d’autres dans les prochains jours, les droits de diffusion du championnat anglais étant très recherchés par les chaînes de télévision présentes en Afrique.

Allez convaincre les supporters des clubs ghanéens à choisir un match du championnat national de préférence à un derby Chelsea – Arsenal. C’est mort. Comment sauvegarder les compétitions nationales ? Cela va être de plus en plus difficile. Pourquoi construire des stades qui seront déserts ? Le football local se meurt et tout le monde donne l’impression de s’en foutre.

Ce n’est pas grave car depuis une trentaine d’années les sélections nationales ont pris l’habitude de compter sur les binationaux, nés en Afrique mais partis très vite vers une destination européenne. On a beaucoup parlé de la nouvelle pépite du Barça, Ansu Fati, né en Guinée Bissau il y a 17 ans mais arrivé en Espagne à l’âge de six ans. Il n’aurait pas encore pris sa décision. L’Espagne et la Roja ou, comme le poussent les Bissau-Guinéens, le Portugal ? Pas question de jouer un jour avec son pays d’origine. Ils sont très nombreux à faire ce choix. La plupart de ceux qui choisissent leur pays de naissance ou d’origine familiale le font parce qu’ils n’ont pas tapé dans l’œil du sélectionneur de leur pays d’accueil. Quand on sait que les centres de formation dans nombre de pays d’Afrique ne sont pas d’une grande efficacité, il y a de quoi pleurer sur l’appauvrissement du cheptel national.

Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. C’est aux dirigeants des associations nationales et aux ministres de tutelle de faire en sorte que le football retrouve la voie d’un développement durable. Pour l’heure, il n’en prend pas le chemin.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *