Lettre ouverte à ceux qui voudront bien la lire…

Messieurs qu’on nomme « Grands », je vous fais une lettre que vous lirez peut-être, si vous avez le temps. Non je ne vais pas à me mettre à paraphraser Boris Vian auteur d’une chanson restée célèbre et écrite il y a soixante-cinq ans qui s’adressait au Président de la République française.

Mais à propos à qui cette lettre est-elle adressée ?
A tous ceux qui ont quelques responsabilités, y compris les plus hautes, en Afrique et qui prennent soudainement conscience que la plus haute instance du football mondial, la FIFA, on s’occupe de tout, la FIFA, est en train de dépouiller la Confédération Africaine de sa légitimité. On invoquera la demande première des dirigeants de la CAF après qu’ils ont pris conscience, après plus de deux années d’exercice, qu’ils étaient dépassés et qu’ils ne savaient plus gérer. Et voilà que la FIFA, après avoir détaché sa secrétaire générale à un poste nouveau de déléguée générale de la FIFA pour l’Afrique, a décidé de prendre en main le dossier des droits médias et marketing des phases éliminatoires des Coupes du monde 2022 et 2026. Ce n’est plus votre affaire a dit en quelque sorte la FIFA, on s’en occupe.
C’est quand même une drôle de manière de considérer son partenaire. Rien dans les textes n’autorise pareil dépouillement de responsabilité.

Cette histoire me tracasse depuis quelques jours et continue de m’indigner. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Nkwame N’Krumah, le père de l’indépendance du Ghana, chantre du panafricanisme et à Nelson Mandela. J’ai pensé aux combattants de la liberté du côté des Amériques. J’ai aussi revu le visage de l’un des plus grands journalistes sportifs que l’Afrique ait connu, Tshimpumpu wa Tshimpumpu. Lui n’aurait pas laissé faire. Il aurait pris sa plume acérée et serait monté au créneau pour dénoncer cette lourde atteinte à l’identité africaine. Il se serait emporté contre tous ceux qui pensent et répètent que l’Afrique n’est pas assez grande pour savoir se diriger toute seule.

Bon sang, nous sommes au XXIe siècle. Des jeunes-gens et jeunes-filles par milliers démontrent chaque jour, en créant des start-up sur le continent, combien ils sont modernes, compétents et qu’ils savent prendre les bonnes décisions. Et il n’y a pas qu’eux.

Qui a élevé la voix ? Pas grand monde. Le premier est l’ancien président de la fédération libérienne de football, Musa Bility. Il vient d’être suspendu pendant dix ans de toute activité dans le football, pour une affaire dont je n’ai pas à traiter. Cela faisait six mois que la décision avait été prise par la commission d’éthique de la FIFA qui n’avait pas cru bon de l’en informer depuis. Etrange, non ! Dans les rangs des différentes instances de la CAF, c’est le silence des agneaux. On pense tout bas. Surtout ne pas prendre position publiquement. Pusillanimité oblige !

Et les politiques ? Ne serait-il pas temps qu’ils réagissent ? Imagine-t-on l’Organisation des Nations-Unies intervenir dans les affaires de l’Union Africaine au prétexte qu’elle ne serait pas suffisamment apte à décider ? Non, bien évidemment. L’indépendance des institutions continentales est sacrée. Piétiner leur pouvoir de décision est absolument inacceptable même avec le consentement du premier de leurs dirigeants. Alors Messieurs les politiques à vous d’agir. D’accord la FIFA et la CAF vous font obligation de ne pas intervenir dans les affaires du ballon. Elles oublient de dire que sans les Etats, sans leur argent, il n’y aurait pas de football en Afrique, en tout cas pas de compétitions à l’échelle du continent et pas davantage au niveau mondial. Alors il leur appartient aujourd’hui de dire STOP, nous aussi nous avons notre mot à dire. Imagine-t-on que la FIFA gère les droits médias de la CAF, comme tout semble l’indiquer, qui contrôlera la gestion de ces fonds par la FIFA ? Bonne question, non ! Pas les politiques, non. Pas eux puisque la FIFA leur dénie ce droit. Elle ne les connaît que lorsqu’il s’agit d’aller se faire photographier avec un Chef d’Etat. Clic, clac, merci !

Rappelez-vous ce propos de Nelson Mandela : « Tout homme ou toute institution qui essaiera de me voler ma dignité perdra ». Audacieux celui qui se piquerait d’ajouter quelque parole aux propos de ce digne fils de ces ancêtres qui ont construit l’Afrique.

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