Depuis quelques jours la rumeur ne cesse d’enfler. De Korhogo à San Pedro, de Man à Bondoukou, de Yamoussoukro à Abidjan, tout ce que le football ivoirien compte d’aficionados ne parle que de l’arrivée au pouvoir du ballon rond ivoirien de l’ancienne star de Marseille et surtout de Chelsea.
Une rumeur ? Non, un souhait.
Les Ivoiriens expriment d’une voix unanime leur ras-le-bol devant les échecs à
répétition de leurs clubs et de la sélection nationale sur la scène continentale.
C’est vrai que, comme leurs pairs de chaque pays du continent ils voient
constamment leur équipe au sommet du firmament. La victoire sinon rien. Ils
sont en overdose de gourmandise. Ils n’acceptent pas la défaite et préparent le
bûcher sur lequel ils vont immoler les dirigeants de la fédération, le
sélectionneur, les joueurs. C’est est effrayant. Les Eléphants depuis la finale
de la CAN de 2006, en Egypte – une heureuse surprise – n’ont pas eu à rougir de
leur palmarès, demi-finalistes en 2008, quarts de finalistes en 2010, à nouveau
finalistes en 2012, quarts de finalistes en 2013 et, enfin, champion d’Afrique
en 2015. On a parlé de génération dorée, celle des frères Kolo et Yaya Touré,
de Didier Zokora, de Gervinho, de Salomon Kalou et de quelques autres. Avec, il
ne faut pas l’oublier, trois participations consécutives à la Coupe du monde.
L’homme qui incarne le mieux cette période d’une dizaine d’années c’est
effectivement Didier Drogba. Lui n’était pas sorti de la fameuse Académie Mimosifcom,
l’école de l’ASEC d’Abidjan. Très tôt, encore gamin, il avait été envoyé en France
rejoindre son oncle Michel Goba, pro en France. Et c’est au Mans qu’il démarra
sa carrière après avoir fait ses classes dans une demi-douzaine de clubs. En
2003 il porte brillamment les couleurs de l’OM avant de rejoindre pour un long
bail le club londonien de Chelsea où il explose littéralement et avec lequel il
disputera près de 350 matches inscrivant une moyenne proche d’un but tous les
deux matches. Didier a connu tous les honneurs. Oui, avec ce parcours irréprochable,
tout semble le porter pour devenir le maître d’œuvre du football ivoirien, l’homme
idoine pour le poste.
Avec un tel pedigree doublé d’une intelligence bien
construite, d’une passion, d’un
patriotisme et d’un mental de gagneur jamais démentis, qui oserait prétendre qu’il
ne répond pas au portrait-robot d’un futur président de la fédération.
Pourtant en est-on si sûrs ?
Cet homme a pris l’habitude de voyager. Pourra-t-il s’impliquer quotidiennement
aux charges de la fonction ? Le privera-t-on de ses déplacements
indispensables pour résoudre des problèmes locaux souvent mineurs. C’est un
homme connu et reconnu partout où il est passé. Il peut apporter beaucoup plus
avec son réseau, ses connaissances dans le monde du football. Personnellement
je le verrais bien poser les jalons d’une grande réorganisation du football
national qui a perdu nombre de ses repères ces dernières années. Didier a connu
tous les échelons. Il sait ce qu’il faut faire pour réussir dans ce métier sans
pitié. Il faut donner une véritable orientation aux clubs, leur redonner vie et
leur imposer un certain cadre de développement. Avec d’autres anciens
internationaux, sortis, eux, du football national, il pourrait monter un schéma
directeur pour tous les acteurs. Sans oublier le football des jeunes,
indispensable à l’épanouissement d’un football national. Chacun ne doit plus
pouvoir faire ce qu’il a décidé. Le football ivoirien retrouvera ses espérances
lorsqu’il jouera enfin collectif pour le bien de tous.
Alors oui, je vois très bien Didier
Drogba dans ce rôle de Chef d’orchestre. Il faudrait lui adjoindre un
administrateur en charge de tous les problèmes, financiers notamment, qui
permettent une bonne gestion de l’entreprise foot. Ces remarques valent pour la
grande majorité des pays d’Afrique qui délaissent le terrain et ceux qui y
évoluent pour s’enterrer dans des problèmes de personnes, de rivalités
insupportables.
Monsieur Drogba, dites-nous ce que nous devons faire, comment nous devons
faire. Promis, juré, nous ne vous mettrons pas de bâtons dans les crampons. Pas
besoin d’un titre de président pour conduire une réforme. Celle du terrain a
plus de chance d’être acceptée par le plus grand nombre. Les hommes miracles,
hélas, ne le restent pas toujours bien longtemps. Votre pays compte sur vous
pour redonner confiance aux joueurs et à tous leurs éducateurs et entraîneurs.
C’est un formidable défi à relever. Pas en qualité de président mais comme
initiateur d’une sorte de New deal. Allez DD !