Qui a le droit, qui a le droit
Cela commence comme le refrain d’une chanson de Patrick Bruel
Qui a le droit, qui a le droit
Qui a le droit d’faire ça…
Qui a le droit ?
Ai-je le droit de dire que je n’ai pas aimé cette finale
De dire que ce ballon de Bagdad Bounedjah détourné par le défenseur sénégalais
Salif Sané dans les buts de son malheureux gardien Alfred Gomis après seulement
une minute et dix-neuf secondes nous a volé notre finale celle qui devait être
une fête, celle qui devait terminer la 32e Coupe d’Afrique des
Nations en apothéose. On a eu droit à une course poursuite entre une Algérie
terrée presque complètement dans son camp et un Sénégal trop brouillon pour se
montrer efficace. Une simple comparaison : le Sénégal a tiré douze fois au
but et l’Algérie seulement une fois.
Qui a le droit ?
Ai-je le droit de dire que je n’ai pas aimé le comportement de certains joueurs
algériens sur la pelouse du stade international du Caire. Truqueurs, souvent
auteurs de petits coups en douce. Non le football algérien vaut beaucoup mieux
que cela. J’ai eu l’immense bonheur d’accompagner leurs glorieux aînés des
années 80, les Belloumi, Assad, Madjer, Dahleb. J’étais dans la tribune de
presse du stade El Molinon à Gijon le 16 juin 1982 quand ils avaient battu l’Allemagne
deux buts à un. Il y avait du panache, de l’envoûtement dans leur jeu. Ils nous
emmenaient au paradis. A aucun moment je n’ai ressenti cette même chaleur au
Caire.
On attendait Riyad Mahrez. Promesse non tenue. Sadio Mané, de l’autre côté, ne
fut non plus pas à l’égal de ce qu’il nous montre à Liverpool.
Je sais, pour nous journalistes, la priorité n’est pas la victoire finale. Et
bien nous avons été privés du spectacle dont on rêvait.
Entre nous, c’est souvent le cas.
Qui a le droit ?
Ai-je le droit de dire que j’ai aimé l’arbitrage du Camerounais Alioum Néant et
de ses deux assistants. C’est une drôle d’h istoire. L’avant-veille on nous
annonçait que le sifflet du 52e et dernier match de la CAN serait
confié au Sud-Africain Victor Gomes. Le lendemain, chamboulement on apprenait
que ce ne serait pas lui. On eut beau chercher, on ne sut jamais qui avait
provoqué ce pataquès. Interrogés, certains responsables répondirent « ce n’est
pas moi » un peu comme ces gosses à l’école qui veulent toujours faire
porter par un petit camarades la faute qu’ils ont commise. Oui Monsieur Néant a
réussi à faire qu’il n’y ait pas de grande tension sur le terrain. Je peux vous
dire que parfois on n’en fut pas loin. Mais sa sérénité finit par avoir raison
des plus velléitaires. Mieux il s’autorisa à refuser le pénalty réclamé par le
camp sénégalais pour une main présumée du défenseur Aissa Mandi dans sa surface.
Le VAR lui donna raison. Bravo à lui et à ses adjoints.
Qui a le droit ?
Ai-je le droit de dire qu’enfin un match, hormis celui de ceux de l’Egypte, a largement
rempli le magnifique stade international du Caire. Il aura fallu attendre le 52e
et dernier match. Bravo à ces milliers et ces milliers d’Algériens présents
pour assister, ce qu’ils ne savaient pas avant de décider de venir, au sacre de
la bande à Djamel Belmadi. Même en Europe un tel élan de masse est très rare.
Qui a le droit ?
Ai-je le droit de dire que j’ai apprécié le comportement tout de dignité d’Aliou
Cissé pendant et après le match. Je l’ai vu ne pas tempêter, comme la plupart
de ses pairs le font, après ce pénalty non accordé ou bien quand il est allé
parler aux joueurs après le coup de sifflet final. Cela vaut bien un coup de
chapeau d’autant plus que beaucoup n’ont pas tardé, sur les réseaux sociaux, et
pas que, à réclamer sa tête.
Qui a le droit ?
Ai-je le droit de dire que je ne suis absolument pas convaincu du passage de
seize à vingt-quatre. Les finalistes ont joué sept matches en vingt-neuf jours,
c’est trop. La qualité du jeu s’en est ressenti d’autant que les conditions
climatiques n’étaient pas favorables à une bonne récupération. Quant à nous,
pauvres journalistes, il est devenu impossible de voir tous les matches. On en
ressent une grande frustration. C’est vrai, ceux qui décident ne sont pas sur
le terrain et c’est toujours ainsi. Dommage.
On m’avait dit : Te poses pas trop de questions
Tu sais,
c’est la vie qui t’répond
A quoi ça
sert de vouloir tout comprendre?