A une poignée de jours du coup d’envoi de la 32e Coupe d’Afrique des Nations, une atmosphère étrange règne sur le football africain. Il y a d’abord le changement du calendrier et le passage du début au milieu de l’année avec ses potentielles conséquences climatiques. Il y a encore l’incertitude sur l’état de forme de joueurs ayant effectué une saison complète en Europe. Il y a l’augmentation du nombre d’équipes passé de 16 à 24. Le vainqueur devra jouer sept matches contre six précédemment. Il y a l’état d’urgence en cours en Egypte. Les Egyptiens vivent cette situation en presque permanence de puis trente ans. Il y a cette incertitude sur l’adhésion populaire des Egyptiens. Il y a enfin cette situation de crise que vit depuis quelques mois la Confédération Africaine de Football et son président. La finale retour mascarade de la Ligue des champions n’a fait qu’accentuer le malaise. Sans parler du petit cours de nullité donné des mois et des mois par les dirigeants, sans distinction du football malien. Certains ont failli, sans broncher, laisser leur équipe écartée de la CAN au nom des bons principes d’intérêts personnels. On se demande d’ailleurs bien lesquels. Ils étaient disposés à sacrifier les joueurs, les entraîneurs et de manière indirecte tous les formateurs. Finalement lors de l’assemblée générale du comité de normalisation ils sont parvenus à se mettre d’accord, mais du bout des lèvres, sur les nouveaux statuts de la fédération. L’élection d’un nouveau président sera effectuée avant la fin du mois d’août. La seule bonne nouvelle, c’est que les Aigles seront en Egypte.
Très curieusement on ne sent pas le même engouement dans les médias pour la CAN que celui qui dominait les éditions précédentes. Peut-être pour les raisons évoquées plus haut. Toujours est-il que les fans continuent – et c’est bien normal – de se livrer au jeu des pronostics. Que chacun voit son équipe au sommet, c’est naturel. Que chacun minimise un peu la valeur de l’adversaire c’est encore une habitude. Les entraîneurs, ceux des pays en vue, les habitués, désignent, pour commencer, la qualification pour les huitièmes de finale. Au début, on la joue piano. Les coachs des outsiders fixent très clairement le passage du premier tour. Avec la qualification des quatre meilleurs troisièmes, tout devient possible. Lors de ses deux rencontres amicales d’avant tournoi, la Gambie s’est imposée et contre la Guinée et surtout contre le Maroc à Marrakech. Un de mes followers sur Facebook m’a demandé si cela signifiait que les Gambiens sont meilleurs que les Marocains. Je lui ai répondu qu’il ne fallait pas prendre les résultats de ce genre de matches au pied de la lettre. Ce ne sont en vérité que des séquences qui doivent permettre aux sélectionneurs de faire un état des lieux, de vérifier le niveau de forme de leurs joueurs, de mettre en place quelques stratégies, de réviser l’état général du groupe comme on le fait avec un moteur, de positionner leur onze-type. D’ailleurs le sélectionneur procède pendant ces rencontres de préparation à de nombreux changements.
Pour entrer dans le vif du sujet, à savoir qui va gagner, c’est un terrain sur lequel il vaut mieux ne pas s’aventurer. Il y a deux ans, à la veille de l’édition au Gabon, qui aurait misé le moindre sou sur une finale Cameroun – Egypte ? Personne. Et pas davantage sur la victoire des Lions Indomptables. Cette année, sur la ligne de départ, la meilleure équipe est celle du Sénégal. Elle possède de l’expérience, elle possède des joueurs de grande qualité à l’image de Sadio Mané, une des pièces essentielles de Liverpool, couronnée il y a peu meilleure équipe européenne. Pourtant, assez fréquemment cités parmi les vainqueurs potentiels, le Sénégal a souvent déçu. Au Gabon, il avait été éliminé, aux tirs au but c’est vrai, par le Cameroun. Avant en 2012 et 2015, Les Lions de la Teranga n’avaient pas passé le cap des poules. L’Egypte est souvent citée. Elle joue chez elle. Elle possède une des vedettes du football européen, Mohamed Salah, par ailleurs coéquipier et co-meilleur buteur avec lui et Aubameyang de la Premier League anglaise, Mohamed Salah. Mais les autres joueurs des Pharaons ne sont pas de son niveau. Parmi les noms les plus plébiscités figurent les Lions de l’Atlas. Peut-être parce que leur entraîneur, Hervé Renard, vise un challenge inédit remporter après la Zambie et la Côte d’Ivoire une troisième victoire dans la CAN à la tête de trois sélections différentes. Mais, après les contestations survenues lors de la finale de la Coupe de la Confédération entre le Zamalek et la Renaissance Sportive de Berkane, on peut présumer que l’environnement général ne leur sera pas très favorable et qu’il leur faudra avoir les reins solides.
Voilà le trio qui revient le plus souvent. Mais il y a presque autant de challengers que d’équipes sur la ligne de départ. Il ne faut tenir compte ni des palmarès et des réputations qui remontent à plusieurs décennies. Exemple, le Ghana. Quadruple vainqueur de la CAN, mais la dernière fois il y a 37 ans ! Pas davantage quelques coups d’éclat récents. D’ailleurs on cherche et on n’en trouve pas. Mais si vous êtes amateurs de jackpots vous pouvez toujours miser une pièce sur le Burundi, Madagascar et la Mauritanie qui rejoignent cette année les 39 autres pays ayant participé au moins une fois depuis 1957 à l’épreuve la plus prestigieuse du calendrier africain.