Le rendez-vous du tirage au sort fut pharaonique. Jamais de toute l’histoire de la Coupe d’Afrique des Nations la cérémonie n’avait bénéficié d’un décor aussi prestigieux. Les trois pyramides de Gizeh qui répondent aux noms de Khéops, Khéphren et Mykérinos. Et puis le Sphinx, magistral. Curieux mariage entre l’Histoire éternelle et le ballon. Les Egyptiens savaient qu’ils laisseraient dans la légende du football africain et pas seulement africain une image indélébile.
Plus terre à terre, la plupart des présents à Gizeh et
des téléspectateurs n’assistaient à la cérémonie qu’afin de savoir quel sort
serait réserver à leur équipe de cœur. A peine connu la composition des
groupes, ce fut une véritable déferlante de commentaires du genre « on a
de la chance, c’est un groupe pas trop difficile, nous n’avons pas peur, nous
sommes capables de battre tout le monde ». Même parmi les plus modestes,
et dans une compétition à 24 équipes (à peu près la moitié des pays africains),
il s’en trouve qui se voient déjà au sommet même si leur qualification n’a pas
été une partie de plaisir. Un lendemain de tirage au sort c’est le sentiment
patriotique qui domine.
Si l’on observe la situation sans le moindre chauvinisme, l’analyse n’est pas
toujours évidente. Pour de multiples raisons qui tiennent d’abord au changement
de période de la CAN. Désormais elle se joue à une période à laquelle la
température peut allègrement dépasser les 30 degrés. Pour beaucoup de joueurs
la compétition interviendra après une saison très longue au cours de laquelle
les organismes ont été très sollicités. Psychologiquement
certains joueurs auront la tête à leur carrière pro. Juin et juillet sont de
grandes périodes pour la négociation de nouveaux contrats, pour la prolongation
de certains. Certains joueurs risquent d’être tentés d’en garder sous la
semelle. Et ce n’est pas leur faire injure que d’évoquer l’instinct de
préservation. Dans ce contexte l’état des terrains servira un peu de révélateur
à leur disponibilité. Pour l’heure la qualité des pelouses ne répond pas aux
normes internationales.
Quand on a dit cela on n’a pas répondu à la question que
chacun se pose et vous pose : qui va gagner ? Je réponds systématiquement
que personne n’avait vu venir, il y a deux ans, une finale Cameroun – Egypte,
et pas davantage la victoire finale des Lions Indomptables. Je lis ici et là qu’il
y aura deux gros chocs dans la première phase, Maroc – Côte d’Ivoire et Sénégal
– Algérie. Ceux-là se trompent. La première règle pour qui veut aller loin commande
d’abord de gagner le premier match. Ensuite, on s’adapte. Et, généralement les
matches de groupes ne sont pas les plus palpitants parce que ce sont ceux des
calculs. En revanche si on veut suivre le football le plus intéressant, il est
préférable de suivre les équipes présumées les moins compétitives au plus haut
niveau, les éternels battus qui n’ont jamais passé le cap du premier tour et
les néophytes parce qu’elles n’ont d’autre ressource que de se livrer à fond
dès le début du tournoi.
A ceux qui ne me suivent pas sur www.lavoixdufootafricain.com,
je recommande la lecture des statistiques de la phase éliminatoire. Ils
pourront affiner leur pronostic.
Restons humbles. Non, je ne sais pas qui succèdera au Cameroun au palmarès de
la Coupe d’Afrique des Nations. Comme beaucoup je pense que le Sénégal possède
le meilleur effectif. Mais les Lions de la Téranga souvent cités parmi les
favoris ne sont pas qualifiés pour l’édition 2013, ont été éliminés dès le
premier tour en 2015 et se sont inclinés, après l’épreuve des tirs au but, par
le Cameroun en 2017. Le Maroc a des atouts mais n’a jamais été très à l’aise
dans cette aventure africaine. L’Algérie et la Côte d’Ivoire sont en période de
recomposition. Il y a bien sûr l’Egypte. Chaque fois qu’elle a accueilli la
compétition sur son territoire (1959, 1986 et 2006) elle a remporté le trophée.
Beaucoup repose sur sa star Mohamed Salah. La Tunisie est toujours très forte
lors de la phase éliminatoire, ensuite elle a un peu tendance à décliner. Le
Nigeria ne s’est pas montré très brillant ces derniers mois. Et on pourrait
allonger la liste. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que pour gagner le
titre il faudra posséder un effectif très solide. Les finalistes devront disputer
sept matches avec l’adjonction des huitièmes de finale.
Non, comme il y a deux ans au Gabon, l’édition 2019 n’est pas très lisible. A
chacun de savoir en profiter pour trouver la bonne martingale.