CAN 2019 : ne vous fiez pas à ceux qui savent tout avant

Le rendez-vous du tirage au sort fut pharaonique. Jamais de toute l’histoire de la Coupe d’Afrique des Nations la cérémonie n’avait bénéficié d’un décor aussi prestigieux. Les trois pyramides de Gizeh qui répondent aux noms de Khéops, Khéphren et Mykérinos. Et puis le Sphinx, magistral. Curieux mariage entre l’Histoire éternelle et le ballon. Les Egyptiens savaient qu’ils laisseraient dans la légende du football africain et pas seulement africain une image indélébile.

Plus terre à terre, la plupart des présents à Gizeh et des téléspectateurs n’assistaient à la cérémonie qu’afin de savoir quel sort serait réserver à leur équipe de cœur. A peine connu la composition des groupes, ce fut une véritable déferlante de commentaires du genre « on a de la chance, c’est un groupe pas trop difficile, nous n’avons pas peur, nous sommes capables de battre tout le monde ». Même parmi les plus modestes, et dans une compétition à 24 équipes (à peu près la moitié des pays africains), il s’en trouve qui se voient déjà au sommet même si leur qualification n’a pas été une partie de plaisir. Un lendemain de tirage au sort c’est le sentiment patriotique qui domine.
Si l’on observe la situation sans le moindre chauvinisme, l’analyse n’est pas toujours évidente. Pour de multiples raisons qui tiennent d’abord au changement de période de la CAN. Désormais elle se joue à une période à laquelle la température peut allègrement dépasser les 30 degrés. Pour beaucoup de joueurs la compétition interviendra après une saison très longue au cours de laquelle les organismes ont été très sollicités.  Psychologiquement certains joueurs auront la tête à leur carrière pro. Juin et juillet sont de grandes périodes pour la négociation de nouveaux contrats, pour la prolongation de certains. Certains joueurs risquent d’être tentés d’en garder sous la semelle. Et ce n’est pas leur faire injure que d’évoquer l’instinct de préservation. Dans ce contexte l’état des terrains servira un peu de révélateur à leur disponibilité. Pour l’heure la qualité des pelouses ne répond pas aux normes internationales.

Quand on a dit cela on n’a pas répondu à la question que chacun se pose et vous pose : qui va gagner ? Je réponds systématiquement que personne n’avait vu venir, il y a deux ans, une finale Cameroun – Egypte, et pas davantage la victoire finale des Lions Indomptables. Je lis ici et là qu’il y aura deux gros chocs dans la première phase, Maroc – Côte d’Ivoire et Sénégal – Algérie. Ceux-là se trompent. La première règle pour qui veut aller loin commande d’abord de gagner le premier match. Ensuite, on s’adapte. Et, généralement les matches de groupes ne sont pas les plus palpitants parce que ce sont ceux des calculs. En revanche si on veut suivre le football le plus intéressant, il est préférable de suivre les équipes présumées les moins compétitives au plus haut niveau, les éternels battus qui n’ont jamais passé le cap du premier tour et les néophytes parce qu’elles n’ont d’autre ressource que de se livrer à fond dès le début du tournoi.
A ceux qui ne me suivent pas sur www.lavoixdufootafricain.com, je recommande la lecture des statistiques de la phase éliminatoire. Ils pourront affiner leur pronostic.

Restons humbles. Non, je ne sais pas qui succèdera au Cameroun au palmarès de la Coupe d’Afrique des Nations. Comme beaucoup je pense que le Sénégal possède le meilleur effectif. Mais les Lions de la Téranga souvent cités parmi les favoris ne sont pas qualifiés pour l’édition 2013, ont été éliminés dès le premier tour en 2015 et se sont inclinés, après l’épreuve des tirs au but, par le Cameroun en 2017. Le Maroc a des atouts mais n’a jamais été très à l’aise dans cette aventure africaine. L’Algérie et la Côte d’Ivoire sont en période de recomposition. Il y a bien sûr l’Egypte. Chaque fois qu’elle a accueilli la compétition sur son territoire (1959, 1986 et 2006) elle a remporté le trophée. Beaucoup repose sur sa star Mohamed Salah. La Tunisie est toujours très forte lors de la phase éliminatoire, ensuite elle a un peu tendance à décliner. Le Nigeria ne s’est pas montré très brillant ces derniers mois. Et on pourrait allonger la liste. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que pour gagner le titre il faudra posséder un effectif très solide. Les finalistes devront disputer sept matches avec l’adjonction des huitièmes de finale.
Non, comme il y a deux ans au Gabon, l’édition 2019 n’est pas très lisible. A chacun de savoir en profiter pour trouver la bonne martingale.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *