Faisons pour une fois mentir le proverbe. Oui, oui, une hirondelle peut faire le printemps. Allez donc demander leur avis aux Burundais dont l’équipe de football, « Intamba mu Rugamba », entendez « Hirondelles » vient de bousculer les pronostics en accédant, pour la première fois, à une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations.
Il fallait pour ce faire que l’équipe batte ou au
moins partage les points avec le Gabon et son épouvantail Pierre-Emeric
Aubameyang. Et ce qui devait être fait fut fait. Un nul pas évident avec un but
burundais à un quart d’heure de la fin de la rencontre décisive mais une
égalisation gabonaise six minutes plus tard sur un auto-goal comme on l’entend
de plus en plus souvent. Vous imaginez la suite…
J’ai trouvé un site burundais dont j’ignorais l’existence (akeza.net) qui a
produit une chronique très sympa signé d’un certain « Le Vagabond »
et qui a tout de go fait référence au fabuliste Jean de La Fontaine.
« Il était une fois, une panthère (le Gabon). Un animal que la nature a doté d’une force, d’une perspicacité et d’une puissance que très peu d’animaux possèdent. En réalité, la panthère est un prédateur, un dominant. Fière et confiante de ses attributs, elle ne craint ni ne tremble devant personne, bien au contraire elle inspire la peur. Par un concours de circonstances, il se trouve que notre puissante panthère devait livrer un combat contre un animal qui est loin d’effaroucher. Un oiseau et pas n’importe lequel, Une hirondelle. Du genre qui n’inquiète pas. Qui pourrait avoir peur d’une simple hirondelle ? »
« Trop de confiance tue la confiance ! Les Gabonais en ont fait la triste expérience. Aubameyang et les siens atterrissaient à Bujumbura avec la ferme assurance de se qualifier contre les Hirondelles et sur leur terre. C’était sans compter avec la détermination des Burundais à faire valoir leur droit au bonheur ».
« Au final, la panthère est tombée. Ses crocs et ses griffes n’ont rien pu
faire face à une équipe burundaise portée par un peuple encore plus affamé
qu’elle. Un peuple qui a retenu sa soif pendant plus de 50 ans. Qui a subi
honte, humiliation et désillusion d’année en année. La CAN on veut y aller et
personne ne pouvait nous en empêcher ».
« Les Hirondelles ont réalisé le rêve de tout un peuple, exaucé la
prière d’une nation. Ils ont écrit une nouvelle page dans l’histoire du
football burundais – mais que dis-je ? – dans l’histoire du Burundi. Ils
sont entrés dans la légende ».
Comment ne pas partager le bonheur d’un football qui n’a presque jamais connu
les honneurs. Les plus anciens se souviendront avec moi sans doute du Vital’O
de Bujumbura, finaliste malheureux de la Coupe des vainqueurs de Coupe en 1992.
Et c’est tout jusqu’au 23 mars dernier. On est vraiment heureux pour les Burundais.
Je ne dirai pas tout à fait la même chose de ce Président qui, après une
qualification un peu miraculeuse de son équipe nationale, a dit qu’elle avait
une chance de remporter le titre au mois de juillet prochain en Egypte. Il y en
a assez de ce genre de propos qui ne feront qu’accroître le découragement et la
tristesse en cas d’échec dès le premier tour. Je ne citerai pas le nom de l’auteur
de cette grosse maladresse.
Et je souhaite, en guise de conclusion et de leçon, lui servir les propos magnifiques
d’Emmanuel Adebayor qui ne sera pas à la CAN après l’échec du Togo au Bénin et
qui a déclaré, sitôt la défaite consommée, « Je ferai en sorte de garder en mémoire les bons moments et si c’est la
fin de tout, qu’il en soit ainsi ».
« J’ai commencé à jouer pour l’équipe nationale en 2000 et nous sommes
maintenant en 2019. Il y a eu des hauts et des bas – il y a eu des regrets et
des moments inoubliables » a-t-il ajouté. Désormais je vous propose de le
surnommer « Seigneur Adebayor !