Mali : l’arbre qui cache la forêt

J’en ai tellement vu et entendu de ces récupérations que ce serait mentir de dire que je suis surpris. La victoire des juniors maliens dans la CAN U-20 a suscité, à juste titre, une vague d’enthousiasme dans le pays. Cela n’a rien que de très légitime. Mais la récupération par les autorités de l’événement a quelque chose d’indécent. Rien que du classique.  


« C’est beau, c’est beau. Nous allons continuer à travailler », a déclaré le Ministre des Sports en accueillant les jeunes champions.
Le Chef de l’Etat y est allé de son couplet

« Vous venez de remporter la Coupe des Nations. En vrais Aigles, vous avez déployé vos ailes de toute leur envergure dans le ciel nigérien pour le bonheur de vos millions de supporters. Je voudrais saisir l’occasion de cette belle victoire pour vous adresser mes chaleureuses félicitations ainsi que celles du Peuple malien. Le courage et la détermination dont vous avez fait montre tout le long de la compétition vous ont permis de vous hisser sur la plus haute marche du podium. Vous avez mouillé le maillot à la hauteur de l’espoir placé en vous par nos compatriotes ».


Monsieur le Président, Monsieur le ministre, cela fait des années que le football malien est en crise. Si mes sources sont précises la dernière journée de championnat a eu lieu le 8 novembre 2017. Oui 2017. Depuis les tribunes sont désertes, le ballon ne tourne plus sur les terrains. Un silence assourdissant. Les héros de Niamey et leurs entraîneurs sont des miraculés sortis d’une sorte de néant. La crise, commencée bien avant l’arrêt du dernier championnat, se prolonge désespérément. En janvier 2018, à l’initiative de la FIFA, a été créé un Comité de normalisation (CONOR, c’est ainsi que les Maliens l’appellent) avec comme principales missions de gérer les affaires courantes de la Fémafoot, de réviser les statuts de la fédération, en conformité avec ceux de la Fifa et d’organiser les élections d’un nouveau Comité exécutif. 
A ce jour le CONOR, d’après mes sources, aurait failli à sa mission. Il paraît que l’actuelle présidente de cet organisme serait plus que correctement rémunérée.
Oh, je sais, ce serait injuste de lui jeter, à elle seule, la pierre.
C’est un naufrage collectif. Les coupables sont nombreux et les clubs ne sont pas à l’abri de toute critique.


La victoire des juniors maliens est fantastique compte tenu des circonstances. Elle est leur seul fait. Ils ne la doivent qu’à eux-mêmes. Leur sélectionneur Mamoutou Kané, ancien gardien de l’équipe nationale, a bien expliqué les raisons du sacre. « Pour moi, le Sénégal avait la meilleure équipe du tournoi, mais nous avons réussi à tenir tête aux Lionceaux Nous avons eu la force de résister et la force d’y croire. Une finale se joue avec des guerriers, des gens qui ont envie de monter quelque chose ».   

« Le football c’est efficacité et l’essentiel reste la victoire ». Les membres du CONOR et les autorités du pays devraient s’inspirer du credo de Mamoutou Kané. Sinon les Danté, les Touré, les Traoré du moment rejoindront peut-être un jour ces autres Maliens qui ont choisi d’autres sélections nationales alors que le Mali peut s’enorgueillir d’être devenu une véritable école de football dont nombre de pays d’Afrique devraient s’inspirer.
De grâce Mesdames et Messieurs sortez au plus vite de votre léthargie !

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