Voilà un football, plongé depuis plusieurs mois, sinon plusieurs années dans les méandres de l’incompétence des dirigeants de sa fédération, dans une crise profonde qui continue de le priver de compétitions nationales, et qui se permet de remporter le titre de champion d’Afrique juniors au nez et à la barbe d’équipes beaucoup mieux loties. Le Mali a coiffé une couronne qui ne lui paraissait pas promise avant le coup d’envoi de la compétition.
A son arrivée au Niger, le Mali ne paraissait pas en mesure de passer le cap du premier tour dans un groupe où les plus nombreux voyaient le Sénégal et le Ghana briguer logiquement les deux premières places. Le Sénégal pour sa participation aux deux dernières finales en 2015 et 2017, le Ghana pour son passé. Pendant quelques décennies le football ghanéen fut considéré comme la meilleure école de foot en Afrique. Il reste, pour le moment, le seul à avoir remporté le titre mondial juniors (en 2009). Aujourd’hui tout indique que le football malien est devenu un leader, sinon « Le » leader. Dans une période de crise grave, il continue d’occuper le haut du pavé.
Reprenons son palmarès :
– chez les U-20, le Mali connaissait sa 12e participation en 15
éditions avec 5 présences dans le dernier carré (1995, 2003, 2011, 2013 et
2015).
– chez les U-17, le Mali ne défendra pas la couronne continentale qu’il
détenait depuis deux éditions. Vainqueur en 2015 et 2017, il a également joué
la finale de 1997 et disputé aussi 3 demi-finales (1995, 1999 et 2001).
– chez les « A », le Mali connaîtra, au mois de juin prochain en
Egypte, sa 10e participation à la phase finale de la CAN depuis 1994.
Dans cette période il a atteint à 5 reprises les demi-finales, montant deux
fois sur la troisième marche du podium (2012 et 2013).
A ces perf, il faut en ajouter trois autres, au niveau mondial cette fois :
– chez les U-17, finale de la Coupe du monde 2015 au Chili contre le Nigeria et
une 4e place, deux ans plus tard en Inde
– chez les U-20, une 3e place en 2015, en Nouvelle-Zélande.
Peu de pays peuvent se flatter d’un tel bilan. Il est le fruit, en premier chef, de l’école de football créée au début des années 90 par l’ancienne étoile du football malien et africain, Salif Keita, ex-joueur de Saint-Etienne, de Marseille, de Valence en Espagne, du Sporting du Portugal et du New England Tea Men aux Etats-Unis. La superbe réussite, à Bamako, de la première CAN des cadets en 1995 a largement contribué à installer dans les esprits l’indispensable nécessité de développer le football des jeunes.
Il n’est pas démesuré de parler de résultats exceptionnels surtout eu égard à la situation politique, économique et sécuritaire du pays. Il est évident que le cas Mali est un cas unique et pourtant…Et pourtant il n’a que rarement droit aux unes de la presse continentale ou internationale. Les joueurs maliens et leurs entraîneurs mériteraient, c’est évident, une meilleure reconnaissance.