Just Fontaine nous a quitté.

Just Fontaine n’est plus. Il est décédé ce jour à l’âge de 89 ans. Pour tous les Français mais pas qu’eux, il demeure le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde avec ses treize buts lors de l’édition 1958 en Suède.
Né au Maroc, il avait rayonné sous le maillot du Stade de Reims avec Raymond Kopa et Roger Piantoni et quelques autres. Kopa, je l’avais côtoyé et travaillé à ses côtés en Argentine en 1978. J’étais jeune journaliste et il m’avait beaucoup appris. C’était, en dépit de son aura, un homme simple et charmant. Il était aussi un homme modeste. Just Fontaine, je l’avais interviewé lors de la montée du Paris Saint Germain, dont il était l’entraîneur, en première division quelques années auparavant. J’ignorais alors que j’allais retrouver à l’occasion des deux du premier match entre le Maroc et le Cameroun du dernier tour éliminatoire de la Coupe du monde 1982. Ces deux rencontres, je les avais commentées en direct sur les antennes de RFI. A l’issue du premier face à face à Kenitra j’avais dit que la meilleure équipe sur le terrain avait été, en dépit de sa défaite (0-2), l’équipe du Maroc. Cela n’avait pas été du goût des supporteurs camerounais, avec à leur tête mon copain de la radio camerounaise, Abel Mbengué. Deux semaines plus tard, dès ma descente d’avion à Yaoundé, je fus prié de rejoindre illico les studios où m’attendait mon collègue. Et Abel me dit : Gérard, on le sait, tu es supporter du Maroc, car Fontaine est Français comme toi. Le scénario de l’aller fut aussi celui du retour avec une nouvelle victoire des Lions Indomptables (2-1). A la fin du match de nombreux Camerounais vinrent vers moi au stade Ahmadou Ahidjo pour me dire que j’avais eu raison. Peu importe, je n’avais aucun parti-pris. Et j’ai toujours eu un profond respect et beaucoup d’amitié pour Abel. D’ailleurs, pendant vingt ans, je crois avoir commenté en direct tous les matches du Cameroun à la Coupe du monde comme à la CAN. Une fidélité sans manquements de ma part.
Just Fontaine, je l’ai retrouvé à Mexico en 1986. Fortuitement, dans un restaurant, alors que je m’apprêtais à rentrer à Paris après l’élimination de l’Algérie. Il y avait à la table, parmi une dizaine de personne, deux grands noms de la presse de football française, Jean-Philippe Rethacker et Jacques Thibert, ainsi qu’Enrico Macias. Ce fut une formidable partie de rigolade avec un Fontaine irrésistible.
Lorsque j’ai appris ce matin sa disparition ce sont ces deux temps forts que j’ai retenus. Oui aujourd’hui je suis triste. Mais c’était une autre époque où on riait de nos bêtises.
Pour mon ami Claude Kana, je tiens à sa disposition les fiches techniques des deux Maroc-Cameroun s’il ne les a pas. Ce dont, entre nous, je doute.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *