Patrice Motsepe est un magicien !
Il vient de déposer sur le plateau du football africain plusieurs dizaines de millions de dollars, au moment où il annonçait officiellement à Arusha, en Tanzanie, la future naissance de la Super Ligue africaine qui doit voir le jour dans un an, en août 2023 et se dérouler jusqu’au mois de mai de l’année suivante.
Le natif de Soweto a communiqué un chiffre global de recettes qui devrait s’élever à 200 millions de dollars dont la moitié sera répartie entre les 24 clubs appelés à disputer la première édition. Un sacré pactole pour la CAF dont la gestion ces dernières années s’est révélée catastrophique. On suppose que la manne viendrait principalement du sponsoring et des droits de télévision.
Nous, on aime bien les magiciens lorsqu’ils se produisent sur scène avec chacun la certitude qu’on va découvrir le truc qui fait que l’impossible devient possible.
L’introduction de cette nouvelle compétition soulève beaucoup d’interrogations. On se souvient par exemple qu’il y a un an plusieurs clubs européens de grande notoriété avaient voulu imposer une Super League. Ils en furent heureusement interdits. La FIFA, sous la direction de Gianni Infantino, avait opposé son véto. Le même homme aujourd’hui se déclare inconditionnel de la nouvelle-née africaine. Peut-être même en a-t-il été l’initiateur !
Parmi les multiples interrogations que soulève la Super Coupe africaine des clubs, il y a l’avenir des deux épreuves historiques, la Ligue des champions et la Coupe de la Confédération. Ne vont-elles pas être condamnées à n’être plus que des rendez-vous de seconde zone qui ne susciteront plus guère d’intérêt de la part de publics qui ont, pour beaucoup, déjà déserté les tribunes, préférant suivre les épreuves européennes, nationales ou continentales.
Autre question, et non des moindres, le calendrier africain de plus en plus chargé ne va-t-il pas mordre sur le bon déroulement des championnats nationaux que certains pays ont déjà bien du mal à boucler forts de leurs 16, 18 voire 20 clubs en lice.
Et puis vous le savez sûrement, les compétitions de la CAF, en tout cas dans leurs phases de qualification, se déroulent selon un schéma zonal (UNAF, UFOA A et UFOA B, UNIFFAC, CECAFA et COSAFA), c’est-à-dire qu’au cours de la première étape les équipes retrouveront, année après année, les mêmes adversaires. « L’ennui, dit-on, naquit un jour de l’uniformité ».
La relance indispensable du football africain passe d’abord par une réorganisation des compétitions nationales dans chacun des 54 pays membres de la CAF. Il aurait peut-être fallu en passer par là avant de multiplier les rendez-vous internationaux.
Au moment de fermer provisoirement ce tableau de quelques questionnements je ne peux m’empêcher de penser à cette remarque que m’avait faite il y a quelques mois un des meilleurs experts de la presse sportive africaine, « chaque fois que j’entends s’exprimer le président de la FIFA il parle uniquement d’argent, jamais de football. C’est Infantino qui a choisi Motsepe, en raison de son brillant parcours d’homme d’affaires ».
Et Motsepe aujourd’hui parle argent…