L’Histoire a retenu la date du 15 janvier 1919 comme
date officielle de la création de l’Espérance de Tunis. C’était un mercredi.
L’acte de naissance est scellé par deux hommes, Mohamed Zouaoui, un homme à
Damas, en Syrie, d’une famille d’origine algérienne. Il a abandonné ses études
à la naissance du club pour subvenir aux besoins de sa famille. Son premier
emploi: employé chez un coordonnier. Le
deuxième fondateur du club répond au nom d’Hedi Kallel. Il n’a pas encore vingt
ans et a terminé des études de menuiserie. Cela paraît étrange que deux jeunes,
45 ans à eux deux, ait jeté les bases de ce qui va s’imposer au fil d’un siècle
comme le plus grand des clubs tunisiens et l’en des plus grands du continent
africain.
La réunion a été organisée dans un lieu public du nom de « Café de
l’Espérance ». Les participants se sont creusés la tête pour trouver un nom
de baptême au club et, faute de mieux, ils se sont rabattus sur le nom
du…café ! C’est ainsi que naquit l’Espérance dans le quartier de Bab Souika.
Ses couleurs, dans un premier temps sont le blanc et le vert. Chemise blanche
en flanelle avec cols et manchettes verts. Les culottes et les bas étaient
noirs. Signe distinctif, les premiers joueurs de l’Espérance ont porté au cou
une cordelette verte avec, comme médaillon, un pompon à fleur verte. Un peu
plus d’année plus tard, les couleurs deviendront le rouge et le jaune, d’où
l’expression les « Sang et Or », la bannière de ralliement des
supporteurs depuis toujours.
Je ne vais pas vous raconter l’histoire de ce club. Je n’en suis pas capable et
je me garderai bien de me substituer aux Tunisiens qui la connaissent mieux que
quiconque.
Non ce que je souhaite c’est rappeler à tous ceux qui s’intéressent à un pays,
à son football, que tout n’a pas commencé avec l’avènement des indépendances.
Mieux, beaucoup de ces clubs de légende ont été des instruments mis au service
de la lutte contre la colonisation. Au départ, les colonisateurs ne voyaient
pas d’un bon oeil, pour ne pas dire qu’ils y étaient franchement hostiles,
l’avènement de ces équipes exclusivement composées d’autochtones. Ils
redoutaient qu’elles deviennent de véritables foyers de résistance. Ce qu’elles
furent parfois. L’administration coloniale découragea d’ailleurs l’organisation
de matchs opposant les Africains aux « maîtres blancs ». Il ne fallait
pas que le terrain de football devînt un lieu de revanche symbolique sur le
colonisateur.
Le centenaire du prestigieux club tunisien est l’opportunité que le football
fut aussi, dans certains pays, une occasion de développer l’évangélisation dans
certains pays du continent.
Le football est une composante de la culture africaine. Rappeler que, produit
importé dans la seconde moitié du XIXe siècle, il n’a cessé de peser dans la
vie de ce continent. Il fait partie de son identité. Ce n’est pas asséner une
contre-vérité que de le dire.
Et, entre nous, je ne comprends toujours pas pourquoi la Super Coupe d’Afrique
ne se jouera pas à Tunis. C’eut été une formidable occasion de rendre hommage
au centenaire et à tous ses pairs. La CAF a préféré le Qatar. C’est son choix.