Il s’est éteint dans la discrétion qui fut un peu la marque de fabrique de cet ancien ailier qui avait porté le maillot de nombreux clubs dont Rennes, Paris, Bordeaux. Philippe Redon était un personnage décalé – il avait un diplôme de pharmacien plutôt rare dans le monde du ballon rond – un homme différent qu’il fallait connaître. Je l’avais côtoyé dans la deuxième moitié des années 70 lorsqu’il portait les couleurs du PSG et que j’allais voir mes copains Jean-Pierre Tokoto, Mustapha Dahleb et François M’Pelé. Mais je ne l’ai vraiment connu qu’au début des années 90 à l’époque où, reconverti entraîneur, il devint le sélectionneur des Lions Indomptables. Une tâche pas facile surtout pour cet homme de caractère. Souvent on en rigolait. Bien sûr je me souviens encore de la CAN 1992 au Sénégal. L’équipe était en grande partie celle qui avait fait merveille un an et demi plus tôt à la Coupe du monde en devenant la première équipe africaine à atteindre les quarts de finale. Gagner la CAN ? Ce n’était pas le but premier des Camerounais. J’entends encore le ministre de la jeunesse et des sports, Ibrahim Mbombo Njoya (devenu peu après Sultan des Bamouns), m’interpeller au début du tournoi « Monsieur Dreyfus, nous sommes ici pour battre Claude Le Roy » ! Explication ; le Cameroun n’avait jamais apprécié le départ du Français pour Dakar après la victoire à la CAN 1988. Et lorsque les deux équipes se retrouvèrent en quart de finale, le Cameroun gagna ce pour quoi il était venu au Sénégal, une victoire contre Claude Le Roy, grâce à un but dans les tout derniers instants du match d’Ernest Ebongué, rentré sur le terrain peu auparavant. Je crois que Philippe Redon n’était pas tout à fait maître de la situation. L’enjeu le dépassait comme il l’aurait fait de n’importe quel autre sélectionneur. En tout cas je garde de lui l’image d’un homme très sympathique avec lequel il était agréable de se retrouver.
Philippe Redon était âgé de 69 ans