CAF : et si c’était une femme !

Qu’on ne s’y trompe pas. La CAF est désormais sous la très haute surveillance de la FIFA au lendemain de la mission de Fatma Samoura au Caire qui aurait pu se prolonger de six nouveaux mois mais les membres du Comité exécutif se sont opposés au maintien de la mission de la secrétaire générale de la FIFA. Et pour cause, ce ne sont pas des réformes qu’elle a préconisées mais une véritable révolution dans le mode de gestion de la Confédération.

L’erreur aura été de ne retenir de l’Assemblée générale qui s’est tenue à Rabat que les deux propositions-chocs du président de la FIFA, Gianni Infantino, le changement de périodicité de la CAN – tous les quatre et non plus tous les deux ans – et une dotation d’un milliard d’euros pour la construction dans chacun des cinquante-quatre pays d’un stade aux normes internationales. Pour spectaculaires et sujettes à rejet pour la première, ces deux suggestions ne doivent surtout pas effacer les conclusions de l’audit mené par des experts qui ne sont, ni plus ni moins, qu’une véritable révolution en profondeur de la maison CAF.

Séparation des pouvoirs entre les organes législatif, exécutif et judiciaire, redéfinition du rôle du Comité exécutif et du Comité d’urgence, refonte radicale des services internes. En un mot, elles proposent une véritable révolution dans la gouvernance et dans son administration. Les experts qui ont travaillé pendant six mois ont également recommandé, à défaut de pouvoir ordonner, que tous les paiements soient effectués via des comptes bancaires officiellement désignés.

On comprend les réticences des hommes en place aujourd’hui. C’est toute l’opacité du fonctionnement de la CAF qui a été mise à jour. Dans ces conditions elle n’est plus maîtresse de son avenir ; Elle dépend plus des décisions de la FIFA que des siennes propres. Ses recommandations sont de véritables injonctions Et certains n’hésitent déjà plus à parler d’un président de la CAF en sursis. A en croire certaines sources, il ne serait même pas sûr de pouvoir terminer son mandat qui s’achève au mois de mars 2021. En vérité, il faut arrêter de se raconter des histoires. La CAF est au bord de l’explosion. L’organisation n’a plus de tête au singulier comme au pluriel, plus d’imagination, plus d’idées, et surtout plus la moindre ambition pour le football et les footballeurs. Minée par la corruption dénoncée à Rabat par le président de la FIFA,
la CAF dans sa version actuelle est moribonde. Pour s’en convaincre il suffit de lire les documents publiés par les sites fifacolonialism.com et insideworldfootball.com. Accablants. Il est patent que l’actuel président de la CAF est aujourd’hui en sursis.  

Des noms circulent sur le possible successeur comme celui du très puissant Faouzi Lekjaa, président de la fédération marocaine et numéro deux des vice-présidents de l’institution. En coulisses on évoquait le nom de son collègue mauritanien, Ahmed Yahya. Un autre candidat, déclaré celui-là depuis le mois de décembre dernier, n’est autre que l’Egyptien Amr Fahmy. Ancien secrétaire-général de la CAF, petit-fils de Mourad Fahmy, titulaire du poste de 1961 à 1982, et fils de Mustafa Fahmy, lui-même secrétaire-général de 1982 à 2010 avant d’occuper les fonctions de directeur des compétitions de la FIFA à Zurich.

Le problème c’est que les trois noms cités sont ceux de ressortissants du Nord du continent. Et il n’est pas certain que cela soit accepté par les pays des autres zones. Il y a de cela longtemps, l’ancien Président Issa Hayatou nous avait confié que l’un des gros dangers qui pesaient sur la CAF serait une scission entre anglophones et francophones. La fracture pourrait changer de camp.

Et si le futur président de la CAF n’était pas un président mais une présidente…
Fatma Samoura ne s’est-elle pas positionnée pour le poste? Elle connaît désormais tout ou presque du fonctionnement de la CAF. Elle a pris la mesure de chacun de ceux qui y jouent un rôle. Elle connaît les résultats de l’audit par le menu détail. Elle sait qui peut apporter quoi et qui est inutile. Je n’ai pas recueilli de confidences de Gianni Infantino et pourtant je suis convaincu qu’il y a pensé dès qu’il lui a commandé d’aller voir un peu ce qu’il se passait Cité du 6 octobre, dans le proche voisinage du Caire, où se trouve le siège de la Confédération. Il la connaît bien. Il lui a confié, alors que personne ne la connaissait, le secrétariat général de la FIFA, en mai 2016. Et je demeure convaincu qu’il y pense plus que jamais. Et s’il le lui commande, elle ne pourra pas se dérober. Infantino sait plus que quiconque qu’il n’a plus le droit à l’erreur.


Oui, et si c’était une femme…

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